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Julien Voultoury, membre de la FACT, paysagiste aquatique présent depuis le début du mouvement en France, a obtenu une place d’excellence cette année en entrant dans le prestigieux top 27 de l’international aquatic plants layout Contest organisé par Takashi Amano. Cette quinzième place est une reconnaissance internationale d’un travail parfaitement pensé et réalisé de la conception à la prise de vue finale. Une œuvre qui nous fait véritablement oublier que nous sommes  face à un aquarium et nous transporte dans une rivière imaginaire.

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Bonjour  Julien!

Nous tenons tout d’abord à vous féliciter pour votre place obtenue à l’IAPLC 2014!  15ème  sur plus de 2400 participants. Il  s’agît dune véritable performance. Nous reviendrons sur ce projet au cours de notre discussion.

Pouvez vous nous parler un peu de vous? Quel âge avez-vous, où vivez-vous, quelle profession exercez-vous et depuis quand pratiquez-vous  ce hobby passionnant?  

J’ai 36 ans. Je vis dans la Vienne (86) dans un village proche de Poitiers. Je suis médecin dans un centre hospitalier où je pratique la réanimation. J’ai commencé l’aquariophilie il y a 10 ans, par accident, pourrait-on dire, étant donné que c’est mon épouse qui voulait que nous ayons un aquarium.Puis, en parcourant internet, j’ai été fasciné par les paysages aquatiques que j’ai découverts.

Combien d’aquariums avez-vous actuellement en maintenance et combien de temps leur dédiez vous? 

Actuellement, je ne possède qu’un seul aquarium en eau chez moi et ça a toujours été le cas. Concernant la maintenance, j’ai développé, au fur et à mesure de ma pratique, une manière de réduire au maximum la charge en entretient du bac, que ce soit en terme d’énergie, en terme de temps ou en terme d’argent. Elle repose essentiellement sur la contrainte d’un éclairage faible et des plantes peu exigeantes à croissance lentes, donc des besoins en CO2 et en engrais faibles. L’utilisation d’un sol technique m’est donc également peu utile.

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Quel est, dans vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus fier et pouvez  vous nous expliquer pourquoi?

Ma dernière réalisation, « Le souffle de Hadés », est actuellement ma préférée. Le rendu final réalise à peu de chose près la vision que j’avais du projet initial. L’arrangement collait vraiment bien à la population choisie et je trouve l’effet naturel satisfaisant.

Vous donnez des titres très particuliers à vos projets. Pouvez vous nous en dire un peu plus  à ce sujet?

Quand je crée un paysage, j’imagine également dans le même temps une histoire  dont les habitants du bac sont les héros, en quelque sorte. J’essaie vraiment de faire en sorte que les gens qui regardent la photo du paysage créé; arrivent à imaginer une histoire. Pour moi, il ne faut pas que les gens s’arrêtent à une image statique mais imaginent du mouvement, une scène vivante. Le titre doit donc ouvrir une porte vers cela sans toutefois enfermer le spectateur dans ma vision.

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Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients pouvez-vous répondre à quelques questions d’ordre technique :

Considérez vous la filtration comme une partie importante?

Oui, très importante ! Pourtant, mon filtre externe est tout ce qu’il y a de plus standard sauf que mon dénivelé est constitué d’Aqualite (équivalent pouzzolane). Ce substrat est donc présent en très grande quantité, fonctionnant comme un filtre biologique géant grâce à un très bon brassage assuré par le filtre et une pompe de brassage (1900 litre/heure de brassage par heure pour un volume de 200 litres nets).

 Que considérez-vous également comme très important lorsque que  vous entamez  la réalisation d’ un aquarium? 

L’utilisation d’un sol déjà « cyclé », une durée d’éclairage limitée et la bonne dose de CO2 et d’engrais.

Avez vous un type de plantes et une espèce de poisson favoris? 

Les plantes à croissances lentes sont mes préférées, surtout les épithytes type Anubias, Microsorum et Bolbitis. Pour ce qui est des poissons, je n’ai pas de préférence particulière même si j’avoue avoir un faible pour les cichlidés nains et les labyrinthidés.

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Pouvez vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne la maturité? Est ce que vous considérez l’apparition des algues comme normal et que faites vous  à ce moment là? 

La durée d’éclairage est de 6 heures par jour. Comme je l’ai dit tout à l’heure, l’éclairage est faible (108 Watts pour 240 litres bruts). Pour le reste, je fertilise d’emblée étant donné que  je n’utilise pas ou très peu de sol technique. Je change 30 litres d’eau par semaine au début puis, une fois le bac stabilisé, j’espace les changements d’eau… beaucoup… Concernant les algues, je ne m’inquiète jamais quand je constate leur présence en quantité limitée au lancement d’un bac et après la refonte complète d’un arrangement, je fais juste en sorte que les besoins des plantes soient satisfaits. En général, je constate qu’elles disparaissent souvent d’elles-mêmes, aidées également par des ajouts réguliers de Permanganate de Potassium.

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Concernant votre philosophie:

D’où vient votre inspiration?

Les paysages que je crée proviennent directement de mon imaginaire. Il est ensuite bien difficile de dire ce qui influe sur mon imaginaire mais ce doit être un mélange de plusieurs choses : les innombrables paysages aquatiques déjà créés par les plus grands noms mais également par les moins grands noms, les paysage naturels que j’ai vu de mes yeux, les photos de nature, le cinéma, les romans que j’ai lus qui ont générés de nombreuses images dans mon esprit et probablement beaucoup d’autres choses aussi.

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De quelle manière procédez-vous pour réaliser votre paysage?

En ce qui me concerne, c’est un processus long et qui comprend plusieurs phases. Régulièrement, des paysages se créent dans mon esprit. Dès lors que l’un d’entre eux persiste sur plusieurs semaines alors il devient un futur projet. Bien souvent, je réalise un schéma (grossier…) pour le matérialiser. Ce n’est que plusieurs mois après, une fois que l’idée a pris beaucoup de maturité et que j’ai bien réfléchi à toutes les contraintes et à la manière de planifier la construction du hardscape et la plantation que je passe à l’action.

La phase de réalisation, proprement dite, est une phase moins étalée dans le temps mais très éprouvante physiquement dans la mesure où je la réalise sur plusieurs journées pleines d’affilée durant lesquelles je commence tôt le matin et je fini tard dans la nuit. En effet, elle se déroule avec l’aquarium en eau pour des raisons de contraintes personnelles et il s’agit donc d’être prudent quant au fait de ne pas tuer une partie de la population.

En conséquence, le démontage du précédent paysage est donc d’abord l’étape la plus fastidieuse : Tout d’abord, les plantes sont retirées, nettoyées et triées puis il s’agit ensuite de retirer les éléments du hardscape dans l’ordre approximativement inverse à celui de la construction pour éviter tout éboulement tout en retirant par phases le substrat qui avait servi à la création de terrasses. puis il me faut nettoyer les éléments de hardscape que je prévois de réutiliser. Cette phase me prend au total 16 à 20 heures en moyenne !

Vient ensuite la phase la plus exaltante : celle de la création du nouveau paysage. Tout d’abord, je prend mes repères pour définir le point de fuite, le point focal et je trace des lignes de force à l’aide de scotch transparent collé sur la vitre avant. Là, je procède par étape en commençant souvent de l’avant plan vers l’arrière plan. A chaque pierre posée ou racine posée, j’imagine la place que prendront ensuite les plantes et les mousses qui soit cacheront les zones inesthétiques mettront en valeur les zones souhaitées. Le cas échéant, je ressort la pierre pour coller les mousses sur le nouvel élément et je prend garde à laisser des espaces pour la plantation prévue. Pendant toute cette phase, je prend des clichés à intervalle régulier pour vérifier le rendu photographique et effectuer des ajustements au besoin. Une fois le hardscape terminé, il me reste à effectuer la plantation et les finitions par le biais de l’ajout de détails visuels permettant une bonne cohérence visuelle de l’ensemble. Cette me prend une bonne trentaine d’heure au final et me laisse épuisé par manque de sommeil.

Bien entendu, des défauts de conception apparaissent par la suite au cours des mois suivants, détectés par mes coéquipiers ou par moi-même et font l’objet d’ajustements permanents jusqu’à la photographie finale.

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Considérez vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez vous une technique particulière?

Pour moi, la photographie finale est l’étape ultime : celle qui conclut la réalisation du paysage.  Tout du début jusqu’à la fin doit prendre en compte le rendu de la photographie finale. Pour cela, chaque temps de la réalisation, de la réalisation du hardscape en passant par l’entretien et jusqu’à la préparation de la photo finale doit être guidé par des clichés « intermédiaires » du paysage qui permettront les ajustements tout au long de l’évolution. Ces photographies intermédiaires vont également permettre à mes coéquipiers de la FACT de voir l’évolution et ainsi d’émettre toutes sortes de critiques. Cet avis extérieur est capital également et serait impossible sans l’utilisation de la photographie.

Pour revenir à la réalisation de la photographie finale en elle-même, il existe en effet une phase de préparation du paysage aquatique qui fait l’objet d’un nettoyage complet de toute feuille douteuse, d’un brossage des pierres pour obtenir un effet « patiné mais pas trop » et éventuellement d’une taille discrète des plantes qui en ont besoin. Les vitres sont également nettoyées et je rajoute du sable de Loire là où il n’y en avait plus assez pour faire ressortir certains détails « clés » en créant plus de contraste.

Ensuite, la photographie finale en elle-même nécessite beaucoup de travail également : elle est réalisée à deux personnes avec un appareil photo Reflex haut de gamme, un flash très puissant et une boîte à lumière au dessus de l’aquarium. Un diffuseur (papier calque) est également placé sur l’aquarium afin d’adoucir la lumière. Plus d’une centaine de cliché sont pris durant la séance et un seul est retenu à la fin… en espérant que les poissons auront bien voulu se mettre dans une position adaptée au paysage proposé…

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Vous êtes un des membres fondateurs de la FACT, ce collectif de paysagistes créé il y a peu. Pouvez nous dire ce que l’esprit de groupe apporte dans une démarche artistique solitaire?

Le fait d’évoluer en équipe apporte plusieurs choses : motivation, émulation, critiques constructives, convivialité. Tout d’abord, le fait de se trouver au sein d’une équipe qui regroupe les gens parmi les plus talentueux de la discipline en France induit dans mon esprit comme une obligation d’être «au niveau» du reste de l’équipe et me permet de me mettre un peu de pression sur les épaules quant à la réalisation d’un paysage de qualité. Cela me pousse donc vers l’avant de manière incontestable. De même, nous communiquons quotidiennement sur un groupe Facebook privé et chacun montre régulièrement ses projets, ses avancées, et ses photos finales. Cela permet clairement de maintenir ma motivation à un niveau important sur le long terme et ainsi d’éviter les fatales périodes de «relâchement prolongé» sur la maintenance du bac, périodes dont j’étais coutumier avant d’intégrer ce groupe. C’est le principe d’une équipe : «les autres avancent, donc j’ai envie d’avancer avec eux».

Enfin et c’est probablement le point le plus important, cela me sort de l’isolement, néfaste à terme, que provoque justement cette «démarche artistique solitaire». En effet, en restant isolé, on finit souvent par s’enfermer dans sa vision sans s’en apercevoir et on manque complètement de recul sur ses propres réalisations. A titre personnel, je suis parfois incapable de voir un défaut majeur sur mon paysage avant que un ou plusieurs de mes coéquipiers n’attirent mon attention dessus. C’était d’ailleurs le cas pour celui de 2014 et je sais bien que je n’aurais jamais eu autant de succès avec cette réalisation sans l’aide des autres designers aquatiques français. Je les en remercie pour ça.

En dehors de l’Aquascaping  avez- vous d’autres hobbys?

Oui. J’essaie d’être sportif et je pratique le football de manière hebdomadaire ainsi que la course à pied. J’apprécie également de jardiner quand le temps s’y prête.

Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

Il vous faut trouver votre propre manière de faire du paysage aquatique : ce qui vous plaît et qui est en accord avec ce que vous êtes. Puis, pour progresser, inspirez vous de ce que font les autres sans les copier.

Merci Julien !

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Nous sommes heureux de pouvoir vous présenter les aquariums de nos paysagistes français, ayant pour la première fois de l’histoire de l’aquascaping conquis le top 27 ainsi que le Grand Prix du plus prestigieux  concours de paysage aquatique: l’International Aquatic Plants Layout Contest 2014. Vous découvrirez aussi une galerie d’images de tous les aquariums ayant participé. Nous mettons cette galerie à jour au fur et à mesure que nous recevons les images des aquariums…

Le booklet ADA avec les commentaires, les notes et toutes les photos des bacs participants sera disponible prochainement.

Passage GW IAPLC 2014 copy1º-Passage par Grégoire Wolinski  / IAPLC 2014

IAPLCVOULTOU15º-Hades’ breath par Julien Voultoury  / IAPLC 2014

IAPLC_RT_OTHebaud17°-Regeneration par Olivier Thébaud / IAPLC 2014

Rank-25-Jean-François-Maillot-IAPLC-201425º- Jean François Maillot / IAPLC 2014

finishbedrock©37º- Swee Lim Cheah  / IAPLC 2014

Rank-53-Kirua-Aquascaping-IAPLC-201453º- Michaël Leroy / IAPLC 2014

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57º- Michaël Reinke / IAPLC 2014

Rank-128º-Hanasaka-Jiisan-IAPLC-2014128º- Ulrich Poupin / IAPLC 2014

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149º- Ludovic Bourdin / IAPLC 2014

pierrelambert291º- Pierre Lambert / IAPLC 2014FinishGC copy491º- Gregory Charlet / IAPLC 2014

Voici également une recollection des aquariums du concours. Nous essaierons de récupérer d’autres photographies d’aquarium afin de découvrir le maximum de paysages aquatiques possible.

 

 

Nous tenons à remercier André Albuquerque pour nous avoir autorisé à utiliser la source de son immense travail de recollection des aquariums ayant participé à l’IAPLC 2014 ( aquaa3.com.br )

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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Swee Lim Cheah est l’un de ses membres.Connu pour sa vivacité d’esprit, son altruisme sur les forums Français, Anglais et au niveau mondial depuis ses victoires dans les concours internationaux(*), Swee Lim Cheah nous a fait le plaisir de répondre avec la spontanéité qui le caractérise.

 

Dieng , 2012

FQ : Bonjour ! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Swee Lim Cheah, alias Swee ou Swee007 sur les forums, vous avez 32 ans, vous êtes responsable éducatif à la ville de Paris, père d’un petit garçon et vous habitez à DreuxPouvez-vous nous parler un peu de vous? Comment et depuis quand pratiquez-vous ce hobby passionnant?  

SLC:  Je pratique l’aquascaping  à proprement parlé depuis 3 ans 

FQ: Vous avez pourtant malgré votre jeunesse, un long passé dans le monde de l’aquariophilie, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

SLC: J’ai toujours été attiré par le monde végétal et animal. J’ai eu des aquariums assez jeune, mais ce n’était pas moi qui m’en occupais.

À l’âge de 15 ans, j’ai vu un bac planté chez un ami et après ça je me suis mis en tête d’en avoir un. J’ai harcelé ma mère pendant un an. Comme elle a vu que je ne lâchais pas l’affaire, elle s’est dit que ce n’était pas un caprice d’adolescent.  Un jour en passant à Pantin, elle a vu dans un dépôt vente un 96L à 500 francs et a décidé de m’aider à débuter. Au début j’étais paranoïaque, jouant un peu au chimiste avec mon aquarium du coup, je voyais des maladies ou des problèmes tout le temps et j’ai acheté plein de produits qu’aujourd’hui je ne regarde même plus dans les rayons.

Au bout de quelque temps, je n’avais plus d’autre place dans ma chambre que pour des bacs, et mon lit. Je crois que j’avais un truc comme 5 aquariums dans ma petite chambre, un 360 l, un 280 l, un 96 l, un 54l et un 20 l.

Depuis cette époque je ne suis resté que peu de temps sans aquarium. Même hébergé chez un copain pendant 6 mois, j’ai tout de même trouvé le moyen de relancer un petit bac.

FQ : Combien d’aquariums possèdez-vous actuellement  et combien de temps  la maintenance de ceux- ci vous prend-elle?

SLC: Aujourd’hui j’ai 7 bacs en eau, une batterie de 6 bacs (3 divisés en 2), un bac divisé en 4 qui me sert à garder des souches de plantes dans un fond d’eau et surtout à mettre des orchidées, et je m’apprête à lancer un paludarium dans un 120l. Il ne sont pas tous aquascapés, certains sont pour de la reproduction de crevettes, d’autres pour la maintenance de poissons qui me plaisent, d’autres en attente d’entretien parce que j’ai moins de temps maintenant.

FQ : Quel est, parmis vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

SLC: Je crois que le bac dont je suis le plus fier, c’est « Dieng« . Mon premier bac aquascapé. J’ai trouvé des pierres dans la nature. À l’époque j’étais tellement fauché que j’ai dû me débrouiller autrement. Il était impensable pour moi de mettre 100 euros dans des cailloux, si beaux soient-ils. Aujourd’hui c’est différent. C’était la première fois que j’utilisais un sol technique complet, pour la même raison qu’avant je n’achetais pas de pierres. Mais ça, par contre, après l’avoir essayé, je ne m’en passe plus!

 Dieng, c’est un bac que j’ai préparé avant de partir en Indonésie. Enfin, j’avais juste fait des essais avec les cailloux sur une table. Puis mon voyage m’a énormément fait de bien; j’ai fait des rencontres inoubliables, que ce soit avec la nature, ou avec les gens. J’ai voulu rendre un hommage, à mon échelle, à ces rencontres. C’est le bac auquel j’ai apporté le plus d’amour, et en même temps, c’est celui sur lequel j’ai fait mes premiers pas.

FQ : Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique?

Quel type de substrat utilisez vous?

SLC:  J’utilise du ADA new amazonia, du flora base, du Tropica plant grow. Cela dépend de ce que j’ai de disponible, où que je peux avoir à moindres frais avec les bons d’achat gagnés à des concours. Je pense qu’on peut faire avec n’importe quoi; avant je faisais mes sols moi-même. Mais il est incontestable, que les sols techniques complets facilitent grandement la vie. Ils permettent de structurer un décor et sont chargés en engrais. De plus, ils adoucissent et acidifient l’eau, et ça pour la maintenance de beaucoup de poissons ou de crevettes, c’est une avancée incomparable. Avant c’était bien plus contraignant et difficile pour avoir un bac avec une eau limpide, acide et douce.

FQ : Considerez vous la filtration comme une partie importante?

SLC: Une bonne filtration, c’est un avantage sérieux et cela facilite l’entretien. Je suis adepte du filtre externe; moins il y a de matériels visibles dans les bacs, mieux je me porte. J’attends d’un filtre d’avoir un volume de filtration important, qu’il soit peu bruyant, et ait un débit important. Après, pas la peine de prendre forcément du haut de gamme pour avoir du bon matériel.  Je pense que si l’on sait exactement ou l’on veut aller, alors l’on pourra mieux choisir le matériel adapté à ses besoins.

La Faille, 2012

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

SLC: Je démarre mes bacs paysagés avec beaucoup de plantes, 6 heures d’éclairage avec 1w/l même s’il est vrai qu’on ne doit plus compter comme ça mais avec les lumens, du Co2 en grande quantité, un filtre propre, ou sale, et aucun engrais avant que les plantes n’en montrent le besoin, à part l’easy carbo. Ça me permet souvent d’éviter les algues. On dit souvent que les algues sont normales au démarrage, cela n’est pas faux, mais si je peux faire sans, ça me va aussi bien.  Je complète l’évaporation par de l’eau osmosée pure. Je ne fais des changements d’eau que s’il y a un souci d’algue, où des décès inexpliqués, et également avant la photo-finish pour aspirer les déchets et avoir une eau encore plus limpide, et encore, parfois j’oublie…  Si mes bacs sont sains, les plantes poussent bien, les poissons et les crevettes sont en bonne santé. Un de mes secrets est que  je ne surpeuple pas mes bacs, je nourris peu et de façon variée, je dose les engrais de façon infime chaque jour, et encore j’oublie parfois 4 jours sur 7… Je navigue à vue et n’opère les changements qu’en douceur.

FQ : Avez vous un type de plantes et une espèce de poissons qui vous sont  favoris? 

SLC: J’aime les plantes, toutes les plantes, enfin non, pas toutes, mais presque. La dernière qui m’a interessé, c’est la Penthorum sedoides. J’aime ses différents aspects. Si on la laisse prendre de l’ampleur, alors elle peut être une plante d’arrière-plan, avec sa tige marron, dure, et ses feuilles vertes légèrement dentelées. Mais on peut aussi la tailler souvent, alors elle fait de merveilleux bosquets qui font un plan intermédiaire bas excellent après un tapis. En poisson, en ce moment je m’attarde beaucoup sur les ramirezi de formes naturelles. C’est un grand classique, mais c’est une star pour moi.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

SLC: J’utilise du fertilisant en poudre où ce que j’ai sous  la main (KNO3 + KH2PO4 + K2SO4 + Trace Mix), j’utilise sytématiquement de l’Eayscarbo d’EasyLife et actuellement du Tropica plant grow, offert gracieusement par la maison mère.

FQ : Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

SLC:  La prise de vues pour la « photo-finish » est très importante si l’on veut participer à un concours. Un bac « commun » ou juste sympa peut être sublimé par une belle photo et une bonne préparation. À l’inverse un beau bac peut ne pas être apprécié à sa juste valeur si la préparation est bâclée ou si la photo n’est pas au top. Je pense que la photo d’aquarium est un art à part entière. Moi je suis une quiche, mais j’apprends un peu, grâce à mon oncle Benoît Le Roux, et avec mes amis aquascapers. Mais la photo, c’est aussi la possibilité de partager ou encore d’oublier et de se souvenir.

La Faille, 2012

 FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

SLC:   Souvent je connais les bacs mais pas les auteurs mais je me soigne depuis quelque temps. Je pourrais citer Cliff hui, Siak Wee Yeo ou Takashi Amano, mais il y a tellement d’autres génies créatifs dont j’ai oublié le nom et qui m’ont procuré des émotions en voyant leur travail… Puis en France, il y a Michaël Leroy et Grégoire Wolinsky qui m’ont fait rêver et ont été des références avant que je ne les rencontre, maintenant que je les connais c’est différent. Plus le temps passe, plus je vois des personnalités qui sortent des petits bijoux, il y a un potentiel d’aquascapers de talent inimaginable en France, des personnes dont on ne connaît pas encore le nom mais s’ils persévèrent risque d’enrichir la scène française.

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

SLC: J’aime cuisiner, manger, boire, le jardinage non aquatique, observer la nature, me promener, les bestioles en général, aller à la pêche même si je rentre toujours bredouille.

FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

SLC: Pour mes bacs, parfois je m’inspire de la nature,  parfois une autre chose que je vois et qui n’a rien à voir, ou d’une idée que j’imagine lorsque je suis dans mes rêveries, il n’y a pas franchement de règle. Beaucoup de choses me nourrissent,  je les digère et une idée survient.

 

Thym Thym Thym

FQ : Je vais vous donner une liste de môts et dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

SLC:

  • Takashi Amano: C’est un novateur, il a impulsé une nouvelle dynamique à l’aquariophilie, c’est un maître. 
  • Aquariums Naturels : Ça me renvoie un peu à Takashi Amano en fait. C’est lui qui a su amplifier et démocratiser les paysages aquatiques.  Mais ça renvoie aussi à un morceau de beauté, à quelque chose d’apaisant et sachant canaliser une énergie.
  • Yakushima : À part les photos sublimes que tu y as faite, je ne connais pas, mais ça donne envie de découvrir.
  • Fukushima : Drame mondial
  • Amazonia : C’est un très bon sol, un bon outil, il a été une petite révolution.
  • Ecologie : Ça me touche, je suis concerné, je suis inscrit à une AMAP bio, j’essaie de conditionner mes façons de faire, d’agir à mon échelle, même si j’ai ma part dans la destruction. C’est penser aux générations futures, avoir une vue globale, se dire que les choses fonctionnent entre elles comme un tout, et qu’on peut être en harmonie ou tout pourrir. 
  • Photographie: C’est du boulot, c’est de l’instant, ce n’est pas facile pour tout le monde, c’est la prison d’un moment, d’un morceau dans un espace-temps arrêté.
  • Lily Pipe: C’est une galère pour les fainéants comme moi, c’est juste la misère, elles ont toujours été marron chez moi sauf les premières semaines. En plus j’en ai cassé… 
  • Forum: C’est un nid d’informations, tu peux tout trouver, le pire comme le meilleur, faut réussir à trier, ce n’est pas toujours facile. C’est aussi une source de partage de connaissances et de test pour les passionnés. Après, c’est comme tous les lieux publics… 
  • Compétition: Au départ  ce n’est pas mon truc, surtout dans la vie ou à l’école, je pense qu’il faut avoir d’autres façons de penser et de faire. Mais dans l’aquascaping, je trouve que c’est une façon de se remettre en question, de se tirer les uns les autres vers le haut. C’est un bon moyen pour avoir des critiques constructives de professionnels qui n’auraient jamais regardé ton travail sans cela. Et c’est intéressant d’avoir un regard critique de la part du connaisseur. Parfois c’est aussi l’occasion de pouvoir s’équiper à moindres frais. Moi ça m’a aidé.
  • Art: Yasmina Reza. Et plus largement, c’est une façon de se positionner, de critiquer, d’abonder, de remettre en cause, d’avancer, de réfléchir. Cela fait partie des essentiels d’une société intelligente. 

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FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

SLC:  

  • De prendre son temps pour bien réfléchir le projet niveau matériel.
  • – De penser en amont au paysage souhaité, ça aide pour choisir ses racines, ses pierres, son sable, ses plantes.
  • – De ne pas hésiter à prendre une grande quantité d’éléments pour le hardscape, on ne fait pas un bac magnifique avec une racine et deux pierres.
  • – De chercher des conseils de personnes expérimentées ayant présenté des beaux bacs et d’écouter ces conseils. Souvent sur les forums je lis des gens qui demandent mais n’écoutent que lorsque cela va dans leur sens. Apprendre, c’est accepter aussi accepter des contrariétés. 

 

Merci à vous pour cet interview.

(*) Pour ne citez que son palmarès aux concours internationaux de bac planté: Thym Thym Thym termine 3e à l’AGA organisé par la prestigieuse Aquatique gardener Association, 1 er au GAPLC, et Soulaterre a obtenu la 2ème place au GAPLC et la 2ème place au CAPA en 2013 catégories 250 L.

 

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La French Aquarium Creation Team, la FACT, est un collectif de paysagistes indépendants, réunis dans le but de promouvoir l’aquascaping de la scène française dans notre pays et d’offrir une visibilité internationale à son émergence.

Floraquatic étant, depuis sa création, un des partenaires de FACT, nous serions mal avisés de ne pas contribuer à la promotion des travaux du groupe dans notre rubrique .

©Grégoire Wolinski

A ce jour, le collectif est composé de 10 membres*Tous paysagistes passionnés et confirmés, ils se sont regroupéafin de partager leurs travaux et leurs projets.

©Olivier Ly

Leur désir de progresser et de se confronter au regard des autres, avant que leurs travaux ne soient finalisés, a été l’élément fédérateur.

©Ulrich Poupin

Une fois le groupe officiellement créé et la publication du Tumblr collectif réalisée, ce dernier est devenu une véritable plateforme de diffusion des blogsrespectifs du groupe. Un café virtuel, sur le réseau social Facebook a vu le jour; c’est un espace ouvert mais cependant garant d’une certaine intimité.

©Gregory Charlet

Cet espace utilise les outils d’aujourd’hui, afin de recueillir des conseils et d’échanger des points de vue critiques et constructifs. Ce réseau permet d’avoir des face-à-face, non plus basés sur le principe des forums et des topics individuels, mais sur de véritables conversations fondées sur les échangesportant sur l’esthétique et la viabilité des projets.

©Olivier Thébaud

Dans la veine des collectifs Asiatique et Brésiliens et afin de démocratiser le  sujet d’intérêt commun qu’est  l’aquascaping, la FACT se donne pour but de stimuler la créativité et l’évolution de ses membres.

©Swee Lim Cheah

Ses objectifs sont ambitieux et généreux: partage entre membres, entraide,formulation de critiques multilatérales et objectives, émulation. Le collectif met à disposition du plus grand nombre des outils, des conseils et des photos pour de futures réalisations.

Il ne nous reste qu’à souhaiter longue vie à la FACT et à vous donner rendez vous avec la plupart de ses membres pour de fructueuses  rencontres à venir.

la FACT sur facebook sur Tumblr

*le collectif est composé de 9 membres*  Ludovic Bourdin, Gregory Charlet, Swee Lim Cheah, Michaël Leroy, Olivier LY, Ulrich Poupin, Olivier Thébaud, Julien Voultoury et Grégoire Wolinski.

 

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