Grégoire Wolinski, membre de la FACT, professionnel passionné et habitué des podiums des concours européens, vient cette année de rentrer dans l’histoire du paysagisme aquatique international en étant le premier européen remportant le premier prix de l’IAPLC 2014. Grégoire, nous fait la faveur de répondre à nos questions.
– Bonjour Grégoire!
Nous tenons tout d’abord à vous féliciter pour les places que vous avez obtenues aux concours internationaux les plus prestigieux de 2014! Vous êtes le grand vainqueur de l’IAPLC 2014 parmi plus de 2400 participants. Il s’agît d’une véritable performance, et d’une victoire historique puisque vous êtes le premier français à accéder à la plus haute marche du podium. Depuis, vous enchaînez les honneurs: premier au GAPLC, premier et best of show à l’AGA. La liste s’allonge de jour en jour. Nous reviendrons sur ce projet « Passage » qui vous a fait gagner, au cours de notre discussion.
– Pouvez vous nous parler un peu de vous? Quel âge avez-vous, où vivez-vous, quelle profession exercez-vous? depuis quand pratiquez-vous ce hobby passionnant?
– J’ai 37 ANS, je vis à champigny , j’ai une entreprise d’installation et d’entretien d’aquariums Aquaceed. Je suis aqua- designer pour les particuliers et les entreprises.
-Combien d’aquariums avez-vous actuellement en maintenance et combien de temps leur dédiez- vous?
-J’ai 3 aquariums, un de 310 litres, un de 60 litres et 20 litres. J’y consacre 2 heures par semaine pour les 3.
– Revenons sur votre dernière réalisation « Passage ». Cet aquarium a fait l’unanimité dans le monde de l’aquariophilie et du paysage aquatique. Il possède une puissance graphique inégalée, avec un travail remarquable sur la perspective, l’ombre et lumière. Pour couronner le tout , les poissons semblent presque évoluer dans leur environnement naturel. Nous nous retrouvons immergés dans un monde englouti imaginaire. Cet ensemble fait un tout unique, un bac qui restera dans l’histoire des paysages aquatiques.
Ce bac est d’’apparence simple, alors que la construction et la plantation en sont extrêmement élaborées et réfléchies. Pouvez-vous nous parler un peu des différentes étapes de sa mise en œuvre, depuis sa conception jusqu’à sa finalisation?
– Effectivement c’est un aquarium qui sort de l’ordinaire. Cette année je cherchais une idée originale; jusqu’à aujourd’hui mes aquariums marchaient plutôt bien dans la plupart des concours en dehors de l’IAPLC.
Je voulais dès lors arriver avec un projet novateur. Je passe souvent du temps sur internet à découvrir des paysages lointains. Un jour je suis tombé sur des photos du temple battu en Malaisie. Immédiatement l’idée de retranscrire la puissance de ce lieu m’a captivé. Au fur et à mesure j’ai commencé à imaginer le projet, à entrevoir sa conception. Je suis tombé sur une peinture numérique d’une artiste; je me suis donc basé sur cette idée et le désir de recréer un monde que j’avais en tête.
Vidéo réalisé pour la projection qui a eu lieu lors de la Nature Aquarium Party 2014.
Après avoir finalisé le concept j’ai commencé à chercher la matière première pour élaborer le décor. Il me fallait une très grande quantité de pierres de forme spécifique pour réaliser un assemblage qui collerait à mon idée. Du concept à la création finale il m’a fallu presque deux mois. La mise en place de l’architecture, la recherche et la technique pour contenir l’ensemble m’ont pris environ deux mois. La structure principale était maintenue par de très grandes pierres et ensuite les plus petites ont été collées. J’ai dû procéder à des choix de matières, de formes et de teintes pour que l’ensemble donne l’impression d’être une seule pièce.
Concernant les photographies de la végétation qui recouvrent les falaises du temple, il fallait que je m’en rapproche. Avec les plantes qui pouvaient rappeler la réalité, mon choix a été celui de la simplicité en restant le plus proche possible de la réalité. J’ai donc choisi de l’Hemianthus callitrichoides cuba , très fine et claire dans le fond ainsi qu’une mousse pleurante, d’où le choix de la Weeping moss. Il me fallait également une mousse qui s’accroche aux supports comme une creeping moss. Je voulais peu d’espèces. L’important était qu’elles soient disposées naturellement.
Tout le travail c’est dès lors basé sur la taille des plantes. Celles qui étaient en hauteur étaient taillés beaucoup plus souvent afin de renforcer la perspective. Le timing avec la taille fût primordial .
Pour le premier plan, proche des zones d’ombre ,j’ai dû choisi des plantes qui avaient besoin de peu de lumière, de la Bucephalandra, de la Cryptocoryne parva, ont été plantées aux endroits les plus éloignés de la rampe d’éclairage. Les zones entièrement à l’ombre n’ont absolument pas été végétalisées. Pour cette partie j’ai choisi d’utiliser également des plantes avec de petites feuilles afin d’accentuer les proportions du décor.
Bords de Marne par Grégoire Wolinski
– Parlez-nous de votre philosophie: D’où vient votre inspiration?
– Je n’ai pas vraiment de philosophie, j’aime la nature, j’aime les choses qui sortent de la nature. Tout m’inspire: une sculpture, une forme, une racine, la photographie de paysage. Même si j’ai un concept, mon inspiration peut venir de plusieurs fragments. Mon intérêt pour la photographie me stimule à créer un paysage dans un cadre.
À l’opposé de la photographie qui est un art de l’instantané, la peinture, que je pratique à mes heures perdues, m’a permis d’acquérir une autre vision; la démarche est différente. On part d’un croquis, puis chaque jour on peut corriger, faire évoluer le tableau. Chaque jour on y apporte un nouveau regard et on arrive ainsi à un aboutissement;
ce paysage aquatique a été réalisé sur la base d’une image numérique mais il a évolué et a été modifié comme peut l’être une peinture. C’est pour cette raison que je prends énormément de temps pour réaliser un décor qui sera destiné à des concours.
– Considérez vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping? Pensez-vous à celle ci au moment de la conception du bac?
– Comme je travaille en prenant mon temps, à chaque fois que je déplace un élément, je le prends en photo pour pouvoir l’observer comme le public le verra . La photographie fait partie intégrante de la construction de l’aquarium. Si on regarde son aquarium chez soi, la vision est différente, l’angle change à chaque fois que l’on se déplace. Lorsque l’on participe un des concours, on soumet des photographies, pour l’IAPLC, une seule image va être jugée, il est donc primordial de penser à cela.
La photographie c’est une trace, mais c’est aussi l’écriture de la lumière, le rendu final est extrêmement important. La lumière peut changer beaucoup de choses sur la photographie que l’on va choisir pour immortaliser l’aquarium.
Grégoire Wolinski sur le stand de Floraquatic lors du salon Crevette en Seine à Ivry en 2011.
Lors d’une séance photographique, on peut éclairer différemment avec des lumières disposées à des endroits stratégiques. Au quotidien le plus souvent seul la rampe apporte la lumière, elle est plongeante et ne bouge jamais contrairement à la lumière du jour qui varie en intensité en permanence et qui à chaque instant à un angle différent. En jouant avec la lumière on peut jouer avec les ombres, conjointement cela va jouer sur l’ambiance du bac. Je le prévois dès le début , lors de la réalisation du hardscape mais aussi afin de travailler également sur la taille des plantes.
Création professionnel par Grégoire Wolinski
– Vous êtes un des membres fondateurs de la FACT, ce collectif de paysagistes créé il y a peu. Pouvez- nous dire ce que l’esprit de groupe apporte à une démarche artistique solitaire?
Nous sommes tous un peu des artistes, nous avons, il faut le reconnaitre un regard personnel et individualiste sur notre travail. En restant seul, avec le temps il devient impossible d’avoir un regard objectif sur notre travail. Ce groupe en plus d’être un stimulus, me permet de recevoir des critiques constructives. Avoir plusieurs regards sur un travail permet d’affirmer et confirmer que nous sommes sur la bonne voie ou pas.
– En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys?
– j’aime la pêche, passer du temps au bords de l’eau, la peinture et dessiner.
-Pour terminer notre entrevue, auriez vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser?
-Ne pas hésiter à s’inspirer des aquariums des autres aquascapers. Prendre son temps dans le choix du matériel, des plantes.
Malgré les échecs il ne faut pas lâcher l’affaire et corriger ses erreurs.
Nous sommes heureux de pouvoir également vous faire part de la mise en ligne du nouveau site professionnel de Grégoire, sa maîtrise, son écoute et son talent vous permettront d’obtenir chez vous où pour votre entreprise, l’aquarium dont vous avez toujours rêvé : AQUACEED.COM
Créations personnelles: