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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Olivier Thébaud est l’un de ses membres.Olivier est l’aquascaper, le photographe et le rédacteur de Floraquatic. Nous allons, une fois n’est pas coutume, inverser les rôles et l’interroger. C’est pour nous l’occasion de vous le présenter sous un angle différentEn collaboration avec AQUAmag, certaines réponses ont été rédigées à l’occasion d’une interview réalisée pour le n°18  publié en 2013, faisant suite à sa performance lors de l’IAPLC 2012 (International Aquatic Plants Layout Contest) au cours duquel il a obtenu le meilleur classement français, se hissant à la 76ème place sur un total de plus de 2000 participants. 

IAPLC2012Local River, 2012

Le bac d’Olivier Thébaud, « Local River », peuplé de Stiphodon spp; et Microdevario Kubotai, a terminé 76ème au classement de l’IAPLC 2012, ce qui reste exceptionnel pour un Français. À noter que le rédacteur en chef d’AQUAmag*, Philippe Chevoleau, également membre du jury de l’IAPLC 2012, l’avait placé dans les 10 premiers de son classement.

FQ : Olivier bonjour! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Olivier Thébaud, vous avez 42 ans et vous êtes photographe.  Pouvez-vous nous parler un peu de vous? Depuis quand et comment pratiquez-vous ce hobby passionnant?

OT:  Je  suis venu à l’aquariophilie directement par la pratique de l’aquascaping et ce depuis 4 ans.

FQ: Vous avez en peu de temps acquis une certaine expérience et votre place à l’IAPLC, avec votre bac « Local River  » arrivé 76ème sur plus de 2000, est une performance plus qu’honorable. Comment en êtes- vous arrivé a ce niveau?

OT:  En 2012 lorsque mon aquarium a obtenu ce classement, mon fils aîné m’a dit:  « Quand je pense que sans moi tu ne ferais pas d’aquarium »…  L’histoire a commencé par la demande que font tant d’enfants : « Papa, je voudrais un poisson rouge ». Je crois que tout est dit. Puis ayant banni l’idée du bocal dans la chambre de mes fils, j’ai fait quelques recherches sur internet.J’ai alors trouvé par hasard un Iwagumi de Takashi Amano ainsi qu’un élevage de Betta splendens. Ces deux découvertes m’ont immédiatement séduit et j’ai alors pris conscience qu’un aquarium peut être assez beau pour prendre place dans un séjour. En rentrant chez moi, j’ai montré tout cela à ma petite famille en disant simplement: « je vais vous faire la même chose! » Après, s’en est  suivi une succession d’erreurs et de tâtonnements avant de parvenir à des résultats acceptables.

_MG_3119 copyFQ : Combien d’aquariums possédez-vous actuellement  et combien de temps la maintenance de ceux- ci vous prend-elle? 

OT: Aujourd’hui, j’ai deux aquariums,  le premier est chez moi; jele dédie aux paysages aquatiques. Le second est à l’atelier où je sélectionne et hybride des crevettes de sélection.

FQ : Quel est, parmi vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

OT: Je crois que c’est « Régénération« , mon dernier projet. Il fait partie intégrante de ma démarche photographique et de ma vie. Le désir de photographier la nature est né en 2005 lors d’une promenade en Bretagne après les grandes tempêtes.Dans l’obscurité d’une forêt magique, les arbres encore debout étaient tous mortstandis que ceux qui étaient tombés et jonchaient le sol  avaient résisténon seulement ils étaient encore en vie, mais leurs écorces étaient devenuesle nid de jeunes pousses d’ arbres. 

Cette régénération m’avait subjugué. Sept ans plus tardtoujours aussi passionné de paysages aquatiques, j’ai eu l’occasion d’effectuer un voyage au Japon sur l’île de Yakushima. L‘envie de reproduire dans un aquarium la régénération également présente dans les sous-bois de la forêt de l’île, est devenue alors mon objectif principal.

RegenerationRegeneration, Japon 2012

FQ : Maintenant puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique? Quel type de substrat utilisez vous?

OT:  J’utilise  uniquement de l’ ADA new amazonia pour mes bacs plantés et du Powder pour mon bac de sélection de crevettes.

FQ : Considérez- vous la filtration de l’eau comme une partie importante de votre travail ?

OT: La filtration est la partie la plus importante pour obtenir et maintenir l’équilibredu bac et, si un bon brassagelié à la filtration de l’eau est indispensable, c’est surtout le volume de cette dernière qui aujourd’hui m’importe. Je n’hésite pas à le doubler et à mettre en série les filtres. Ce procédé permet de limiter au strict minimum les changements d’eau; de plus il est ainsi plus simple d’obtenir la stabilité du milieu aquatique. Je viens de constater que moins je change l’eau d’un bac, plus vite poussent les plantes.

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Regeneration, 2014

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums depuis le début de leur conception ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

 

 

 

OT:  Je commence mes bacs paysagés en fonction de leur  volume et du choix des plantes. J’ai énormément appris en faisant des erreurs et en observant. Encore aujourd’hui, je commence doucement à installer un bac sans engrais, sans Co2 et avec un éclairage minimum, tandis qu’à côté je compte  lancer un autre projet avec dès le début énormément de Co2 et d’engrais. Il n’y a pas de règles mais des désirs, des besoins. Soit on veut aller vite en se fixant un projet, soit on peut ne rien faire de bien défini et juste observer. Ces deux approches ont leurs atouts; le seul point important est d’être régulier et de ne jamais modifier plusieurs choses en même temps car, si un problème surgit, il devient alors plus délicat d’en connaître l’origine.

Lorsque j’ai débuté, j’éclairais un bac de 150 litres avec deux ampoules de 23 watts, avec peu de Co2 et peu d’engrais. Il n’y a jamais eu présence d’algues et la végétation se développait bien. Lorsque j’ai évolué dans ma pratique, les algues sont apparues dans les bacs et aujourd’hui je suis devenu expert en la matière, grâce aux expériences des uns et des autres ainsi qu’au partage des solutions. Cela m’aide beaucoup!

FQ : Avez vous une préférence pour un type de plantes ou une espèce de poissons?

OT: J’aime les plantes, mais une revient sans cesse dans mes bacs ; c’est  l’Eleocharis vivipara. Elle est difficile à dompter mais la grâce lorsqu’elle frôle la surface de l’eau est d’une poésie troublante. Bien dense, elle ressemble à une chevelure dans laquelle parfois il faut passer la main avec une infinie douceur pour la mettre en place tout  en prenant soin de ne pas l’arracher. Rassurez vous je vais bien, mais j’ai une relation assez particulière avec cette plante.

regeneration-21J’aime tous les poissons. Ils sont fascinants à observer lorsqu’ils évoluent avec leur habitudes naturelles dans un paysage cohérent. De plus si le décor est pensé pour eux, alors l’aquarium devient un véritable lieu de nature et de vie.

instagramDans mon premier aquarium Deep Rooted qui avait fini 2ème du CAPA en 2011, j’avais déjà des Stiphodons dans mes bacsces poissons m’accompagnent désormais dans la plupart des projets  que je fais et c’est en pensant à eux que je conçois mes paysages.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

OT: J’utilise du fertilisant liquidej’ai un faible pour les produits Easy Life qui sont simples et très efficaces.  

FQ : Vous exercez le métier de photographe. Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping ? Préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

OT:  Je suis venu aux paysages aquatiques par la photographie. J’exerce ce métier depuis plus de 15 ans dans le reportage, la photo instantanée mais également dans le paysage. L’aquascaping est très lié à la photographie. Le premier point commun est l’espace: la photographie a un cadre, l’aquarium aussi. Les deux doivent avoir une composition, une âme… Un aquarium, comme une image, peut raconter une histoire. Pour le reste, j’ai découvert dans l’aquascaping un énorme panel de créativité. Il manquait peut-être cela dans la photographie que je pratiquais à l’origine et qui consistait à enregistrer le réel, sans jamais intervenir. Dans l’aquarium je choisis la population qui, selon ses besoins, va nécessiter un décor et une végétation particulière. C’est l’élément déclencheur. Puis ensuite rentre en jeu l’œil du photographe. Son habitude à composer avec le réel va l’aider à concevoir les décors. Mais en aquascaping, il s’agit de retranscrire des souvenirs, des impressions de promenades.

cropedregAu cours de l’évolution du paysage que je suis entrain de créer, je travaille avec des photographies « de face » que j’étudie longuement, car l’image permet de voir et de comprendre comment, en déplaçant une pierre, on peut créer de la profondeur, souligner quelque chose ou en étouffer une autre. Ce qui fonctionne sur une photo fonctionnera dans la réalité, alors que l’inverse n’est pas obligatoire. Grâce à la photographie, on peut observer les défauts et également partager l’évolution de son bac avec ses amis. Rien  ne vaut les conseils extérieurs, que ce soient ceux de mes amis français où étrangers qui pratiquent l’aquascaping, ou de ma famille. Une réflexion d’un de mes fils peut tout changer, car les enfants  ont un œil neuf, dénué de  préjugés et de contraintes. Le nombre d’or, ils s’en fichent !

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Photosynthèse, 2013

FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

OT:   Takashi Amano, Masashi Ono, Yutaka Kanno, Minoru Yamagishi, Dave Chow, mes amis de la FACT et pleins de jeunes débutants comme ceux que je croise au Café Aqua sur Facebook. 

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

OT: Oui; j’aime la musique, les sports de glisse.

FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

OT: Dans La nature et dans mon enfance. J’ai grandi non loin de  la forêt de Brocéliande. Au bout du jardin de la maison coulait un ruisseau; je partais souvent y pêcher les grenouilles muni d’un bâton et d’un chiffon rouge, et puis il y avait surtout  l’imposante et bruissante présence des arbres. La beauté était là.

Essayer de représenter la nature dans un espace délimité est un challenge passionnant qui, s’il est réussi, fait entrer un tableau saissisant et unique dans un interieur.illusion2-18Clisson, 2014

FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser?

OT: Prendre le temps d’observer la nature, se promener en forêt car c’est ainsi que l’on peut sentir la nature etla retranscrire plus aisément. Ensuite regarder les aquariums qui vous plaisent, comprendre la disposition des plantes, essayer d’analyser assez méthodiquement les bacs les plus réussis. Puis se poser et réfléchir au décor que l’on souhaite obtenir.C’est la partie la plus créative: la conception et la réalisation. Le choix des matériaux est crucialune belle racine où une belle pierre peut être réutilisée de maintes façons. À partir de cet instant, lorsque vous avez déjà votreprojet en tête, vous avez la possibilitévous faire aiderPour ce faire, vous pouvez contacter des aquascapers que vous appréciez, via Facebook par exemple.

(*) Nous tenons à remercier AQUAmag  ( www.aquamag.fr/) pour nous avoir permis d’utiliser certaines des réponses faite par Olivier à Pascal Bonetti lors de l’interview réalisé en 2013. 

 

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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Swee Lim Cheah est l’un de ses membres.Connu pour sa vivacité d’esprit, son altruisme sur les forums Français, Anglais et au niveau mondial depuis ses victoires dans les concours internationaux(*), Swee Lim Cheah nous a fait le plaisir de répondre avec la spontanéité qui le caractérise.

 

Dieng , 2012

FQ : Bonjour ! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Swee Lim Cheah, alias Swee ou Swee007 sur les forums, vous avez 32 ans, vous êtes responsable éducatif à la ville de Paris, père d’un petit garçon et vous habitez à DreuxPouvez-vous nous parler un peu de vous? Comment et depuis quand pratiquez-vous ce hobby passionnant?  

SLC:  Je pratique l’aquascaping  à proprement parlé depuis 3 ans 

FQ: Vous avez pourtant malgré votre jeunesse, un long passé dans le monde de l’aquariophilie, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

SLC: J’ai toujours été attiré par le monde végétal et animal. J’ai eu des aquariums assez jeune, mais ce n’était pas moi qui m’en occupais.

À l’âge de 15 ans, j’ai vu un bac planté chez un ami et après ça je me suis mis en tête d’en avoir un. J’ai harcelé ma mère pendant un an. Comme elle a vu que je ne lâchais pas l’affaire, elle s’est dit que ce n’était pas un caprice d’adolescent.  Un jour en passant à Pantin, elle a vu dans un dépôt vente un 96L à 500 francs et a décidé de m’aider à débuter. Au début j’étais paranoïaque, jouant un peu au chimiste avec mon aquarium du coup, je voyais des maladies ou des problèmes tout le temps et j’ai acheté plein de produits qu’aujourd’hui je ne regarde même plus dans les rayons.

Au bout de quelque temps, je n’avais plus d’autre place dans ma chambre que pour des bacs, et mon lit. Je crois que j’avais un truc comme 5 aquariums dans ma petite chambre, un 360 l, un 280 l, un 96 l, un 54l et un 20 l.

Depuis cette époque je ne suis resté que peu de temps sans aquarium. Même hébergé chez un copain pendant 6 mois, j’ai tout de même trouvé le moyen de relancer un petit bac.

FQ : Combien d’aquariums possèdez-vous actuellement  et combien de temps  la maintenance de ceux- ci vous prend-elle?

SLC: Aujourd’hui j’ai 7 bacs en eau, une batterie de 6 bacs (3 divisés en 2), un bac divisé en 4 qui me sert à garder des souches de plantes dans un fond d’eau et surtout à mettre des orchidées, et je m’apprête à lancer un paludarium dans un 120l. Il ne sont pas tous aquascapés, certains sont pour de la reproduction de crevettes, d’autres pour la maintenance de poissons qui me plaisent, d’autres en attente d’entretien parce que j’ai moins de temps maintenant.

FQ : Quel est, parmis vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

SLC: Je crois que le bac dont je suis le plus fier, c’est « Dieng« . Mon premier bac aquascapé. J’ai trouvé des pierres dans la nature. À l’époque j’étais tellement fauché que j’ai dû me débrouiller autrement. Il était impensable pour moi de mettre 100 euros dans des cailloux, si beaux soient-ils. Aujourd’hui c’est différent. C’était la première fois que j’utilisais un sol technique complet, pour la même raison qu’avant je n’achetais pas de pierres. Mais ça, par contre, après l’avoir essayé, je ne m’en passe plus!

 Dieng, c’est un bac que j’ai préparé avant de partir en Indonésie. Enfin, j’avais juste fait des essais avec les cailloux sur une table. Puis mon voyage m’a énormément fait de bien; j’ai fait des rencontres inoubliables, que ce soit avec la nature, ou avec les gens. J’ai voulu rendre un hommage, à mon échelle, à ces rencontres. C’est le bac auquel j’ai apporté le plus d’amour, et en même temps, c’est celui sur lequel j’ai fait mes premiers pas.

FQ : Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique?

Quel type de substrat utilisez vous?

SLC:  J’utilise du ADA new amazonia, du flora base, du Tropica plant grow. Cela dépend de ce que j’ai de disponible, où que je peux avoir à moindres frais avec les bons d’achat gagnés à des concours. Je pense qu’on peut faire avec n’importe quoi; avant je faisais mes sols moi-même. Mais il est incontestable, que les sols techniques complets facilitent grandement la vie. Ils permettent de structurer un décor et sont chargés en engrais. De plus, ils adoucissent et acidifient l’eau, et ça pour la maintenance de beaucoup de poissons ou de crevettes, c’est une avancée incomparable. Avant c’était bien plus contraignant et difficile pour avoir un bac avec une eau limpide, acide et douce.

FQ : Considerez vous la filtration comme une partie importante?

SLC: Une bonne filtration, c’est un avantage sérieux et cela facilite l’entretien. Je suis adepte du filtre externe; moins il y a de matériels visibles dans les bacs, mieux je me porte. J’attends d’un filtre d’avoir un volume de filtration important, qu’il soit peu bruyant, et ait un débit important. Après, pas la peine de prendre forcément du haut de gamme pour avoir du bon matériel.  Je pense que si l’on sait exactement ou l’on veut aller, alors l’on pourra mieux choisir le matériel adapté à ses besoins.

La Faille, 2012

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

SLC: Je démarre mes bacs paysagés avec beaucoup de plantes, 6 heures d’éclairage avec 1w/l même s’il est vrai qu’on ne doit plus compter comme ça mais avec les lumens, du Co2 en grande quantité, un filtre propre, ou sale, et aucun engrais avant que les plantes n’en montrent le besoin, à part l’easy carbo. Ça me permet souvent d’éviter les algues. On dit souvent que les algues sont normales au démarrage, cela n’est pas faux, mais si je peux faire sans, ça me va aussi bien.  Je complète l’évaporation par de l’eau osmosée pure. Je ne fais des changements d’eau que s’il y a un souci d’algue, où des décès inexpliqués, et également avant la photo-finish pour aspirer les déchets et avoir une eau encore plus limpide, et encore, parfois j’oublie…  Si mes bacs sont sains, les plantes poussent bien, les poissons et les crevettes sont en bonne santé. Un de mes secrets est que  je ne surpeuple pas mes bacs, je nourris peu et de façon variée, je dose les engrais de façon infime chaque jour, et encore j’oublie parfois 4 jours sur 7… Je navigue à vue et n’opère les changements qu’en douceur.

FQ : Avez vous un type de plantes et une espèce de poissons qui vous sont  favoris? 

SLC: J’aime les plantes, toutes les plantes, enfin non, pas toutes, mais presque. La dernière qui m’a interessé, c’est la Penthorum sedoides. J’aime ses différents aspects. Si on la laisse prendre de l’ampleur, alors elle peut être une plante d’arrière-plan, avec sa tige marron, dure, et ses feuilles vertes légèrement dentelées. Mais on peut aussi la tailler souvent, alors elle fait de merveilleux bosquets qui font un plan intermédiaire bas excellent après un tapis. En poisson, en ce moment je m’attarde beaucoup sur les ramirezi de formes naturelles. C’est un grand classique, mais c’est une star pour moi.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

SLC: J’utilise du fertilisant en poudre où ce que j’ai sous  la main (KNO3 + KH2PO4 + K2SO4 + Trace Mix), j’utilise sytématiquement de l’Eayscarbo d’EasyLife et actuellement du Tropica plant grow, offert gracieusement par la maison mère.

FQ : Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

SLC:  La prise de vues pour la « photo-finish » est très importante si l’on veut participer à un concours. Un bac « commun » ou juste sympa peut être sublimé par une belle photo et une bonne préparation. À l’inverse un beau bac peut ne pas être apprécié à sa juste valeur si la préparation est bâclée ou si la photo n’est pas au top. Je pense que la photo d’aquarium est un art à part entière. Moi je suis une quiche, mais j’apprends un peu, grâce à mon oncle Benoît Le Roux, et avec mes amis aquascapers. Mais la photo, c’est aussi la possibilité de partager ou encore d’oublier et de se souvenir.

La Faille, 2012

 FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

SLC:   Souvent je connais les bacs mais pas les auteurs mais je me soigne depuis quelque temps. Je pourrais citer Cliff hui, Siak Wee Yeo ou Takashi Amano, mais il y a tellement d’autres génies créatifs dont j’ai oublié le nom et qui m’ont procuré des émotions en voyant leur travail… Puis en France, il y a Michaël Leroy et Grégoire Wolinsky qui m’ont fait rêver et ont été des références avant que je ne les rencontre, maintenant que je les connais c’est différent. Plus le temps passe, plus je vois des personnalités qui sortent des petits bijoux, il y a un potentiel d’aquascapers de talent inimaginable en France, des personnes dont on ne connaît pas encore le nom mais s’ils persévèrent risque d’enrichir la scène française.

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

SLC: J’aime cuisiner, manger, boire, le jardinage non aquatique, observer la nature, me promener, les bestioles en général, aller à la pêche même si je rentre toujours bredouille.

FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

SLC: Pour mes bacs, parfois je m’inspire de la nature,  parfois une autre chose que je vois et qui n’a rien à voir, ou d’une idée que j’imagine lorsque je suis dans mes rêveries, il n’y a pas franchement de règle. Beaucoup de choses me nourrissent,  je les digère et une idée survient.

 

Thym Thym Thym

FQ : Je vais vous donner une liste de môts et dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

SLC:

  • Takashi Amano: C’est un novateur, il a impulsé une nouvelle dynamique à l’aquariophilie, c’est un maître. 
  • Aquariums Naturels : Ça me renvoie un peu à Takashi Amano en fait. C’est lui qui a su amplifier et démocratiser les paysages aquatiques.  Mais ça renvoie aussi à un morceau de beauté, à quelque chose d’apaisant et sachant canaliser une énergie.
  • Yakushima : À part les photos sublimes que tu y as faite, je ne connais pas, mais ça donne envie de découvrir.
  • Fukushima : Drame mondial
  • Amazonia : C’est un très bon sol, un bon outil, il a été une petite révolution.
  • Ecologie : Ça me touche, je suis concerné, je suis inscrit à une AMAP bio, j’essaie de conditionner mes façons de faire, d’agir à mon échelle, même si j’ai ma part dans la destruction. C’est penser aux générations futures, avoir une vue globale, se dire que les choses fonctionnent entre elles comme un tout, et qu’on peut être en harmonie ou tout pourrir. 
  • Photographie: C’est du boulot, c’est de l’instant, ce n’est pas facile pour tout le monde, c’est la prison d’un moment, d’un morceau dans un espace-temps arrêté.
  • Lily Pipe: C’est une galère pour les fainéants comme moi, c’est juste la misère, elles ont toujours été marron chez moi sauf les premières semaines. En plus j’en ai cassé… 
  • Forum: C’est un nid d’informations, tu peux tout trouver, le pire comme le meilleur, faut réussir à trier, ce n’est pas toujours facile. C’est aussi une source de partage de connaissances et de test pour les passionnés. Après, c’est comme tous les lieux publics… 
  • Compétition: Au départ  ce n’est pas mon truc, surtout dans la vie ou à l’école, je pense qu’il faut avoir d’autres façons de penser et de faire. Mais dans l’aquascaping, je trouve que c’est une façon de se remettre en question, de se tirer les uns les autres vers le haut. C’est un bon moyen pour avoir des critiques constructives de professionnels qui n’auraient jamais regardé ton travail sans cela. Et c’est intéressant d’avoir un regard critique de la part du connaisseur. Parfois c’est aussi l’occasion de pouvoir s’équiper à moindres frais. Moi ça m’a aidé.
  • Art: Yasmina Reza. Et plus largement, c’est une façon de se positionner, de critiquer, d’abonder, de remettre en cause, d’avancer, de réfléchir. Cela fait partie des essentiels d’une société intelligente. 

Soulaterre

FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

SLC:  

  • De prendre son temps pour bien réfléchir le projet niveau matériel.
  • – De penser en amont au paysage souhaité, ça aide pour choisir ses racines, ses pierres, son sable, ses plantes.
  • – De ne pas hésiter à prendre une grande quantité d’éléments pour le hardscape, on ne fait pas un bac magnifique avec une racine et deux pierres.
  • – De chercher des conseils de personnes expérimentées ayant présenté des beaux bacs et d’écouter ces conseils. Souvent sur les forums je lis des gens qui demandent mais n’écoutent que lorsque cela va dans leur sens. Apprendre, c’est accepter aussi accepter des contrariétés. 

 

Merci à vous pour cet interview.

(*) Pour ne citez que son palmarès aux concours internationaux de bac planté: Thym Thym Thym termine 3e à l’AGA organisé par la prestigieuse Aquatique gardener Association, 1 er au GAPLC, et Soulaterre a obtenu la 2ème place au GAPLC et la 2ème place au CAPA en 2013 catégories 250 L.

 

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