Rencontre

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Julien Voultoury, membre de la FACT, paysagiste aquatique présent depuis le début du mouvement en France, a obtenu une place d’excellence cette année en entrant dans le prestigieux top 27 de l’international aquatic plants layout Contest organisé par Takashi Amano. Cette quinzième place est une reconnaissance internationale d’un travail parfaitement pensé et réalisé de la conception à la prise de vue finale. Une œuvre qui nous fait véritablement oublier que nous sommes  face à un aquarium et nous transporte dans une rivière imaginaire.

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Bonjour  Julien!

Nous tenons tout d’abord à vous féliciter pour votre place obtenue à l’IAPLC 2014!  15ème  sur plus de 2400 participants. Il  s’agît dune véritable performance. Nous reviendrons sur ce projet au cours de notre discussion.

Pouvez vous nous parler un peu de vous? Quel âge avez-vous, où vivez-vous, quelle profession exercez-vous et depuis quand pratiquez-vous  ce hobby passionnant?  

J’ai 36 ans. Je vis dans la Vienne (86) dans un village proche de Poitiers. Je suis médecin dans un centre hospitalier où je pratique la réanimation. J’ai commencé l’aquariophilie il y a 10 ans, par accident, pourrait-on dire, étant donné que c’est mon épouse qui voulait que nous ayons un aquarium.Puis, en parcourant internet, j’ai été fasciné par les paysages aquatiques que j’ai découverts.

Combien d’aquariums avez-vous actuellement en maintenance et combien de temps leur dédiez vous? 

Actuellement, je ne possède qu’un seul aquarium en eau chez moi et ça a toujours été le cas. Concernant la maintenance, j’ai développé, au fur et à mesure de ma pratique, une manière de réduire au maximum la charge en entretient du bac, que ce soit en terme d’énergie, en terme de temps ou en terme d’argent. Elle repose essentiellement sur la contrainte d’un éclairage faible et des plantes peu exigeantes à croissance lentes, donc des besoins en CO2 et en engrais faibles. L’utilisation d’un sol technique m’est donc également peu utile.

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Quel est, dans vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus fier et pouvez  vous nous expliquer pourquoi?

Ma dernière réalisation, « Le souffle de Hadés », est actuellement ma préférée. Le rendu final réalise à peu de chose près la vision que j’avais du projet initial. L’arrangement collait vraiment bien à la population choisie et je trouve l’effet naturel satisfaisant.

Vous donnez des titres très particuliers à vos projets. Pouvez vous nous en dire un peu plus  à ce sujet?

Quand je crée un paysage, j’imagine également dans le même temps une histoire  dont les habitants du bac sont les héros, en quelque sorte. J’essaie vraiment de faire en sorte que les gens qui regardent la photo du paysage créé; arrivent à imaginer une histoire. Pour moi, il ne faut pas que les gens s’arrêtent à une image statique mais imaginent du mouvement, une scène vivante. Le titre doit donc ouvrir une porte vers cela sans toutefois enfermer le spectateur dans ma vision.

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Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients pouvez-vous répondre à quelques questions d’ordre technique :

Considérez vous la filtration comme une partie importante?

Oui, très importante ! Pourtant, mon filtre externe est tout ce qu’il y a de plus standard sauf que mon dénivelé est constitué d’Aqualite (équivalent pouzzolane). Ce substrat est donc présent en très grande quantité, fonctionnant comme un filtre biologique géant grâce à un très bon brassage assuré par le filtre et une pompe de brassage (1900 litre/heure de brassage par heure pour un volume de 200 litres nets).

 Que considérez-vous également comme très important lorsque que  vous entamez  la réalisation d’ un aquarium? 

L’utilisation d’un sol déjà « cyclé », une durée d’éclairage limitée et la bonne dose de CO2 et d’engrais.

Avez vous un type de plantes et une espèce de poisson favoris? 

Les plantes à croissances lentes sont mes préférées, surtout les épithytes type Anubias, Microsorum et Bolbitis. Pour ce qui est des poissons, je n’ai pas de préférence particulière même si j’avoue avoir un faible pour les cichlidés nains et les labyrinthidés.

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Pouvez vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne la maturité? Est ce que vous considérez l’apparition des algues comme normal et que faites vous  à ce moment là? 

La durée d’éclairage est de 6 heures par jour. Comme je l’ai dit tout à l’heure, l’éclairage est faible (108 Watts pour 240 litres bruts). Pour le reste, je fertilise d’emblée étant donné que  je n’utilise pas ou très peu de sol technique. Je change 30 litres d’eau par semaine au début puis, une fois le bac stabilisé, j’espace les changements d’eau… beaucoup… Concernant les algues, je ne m’inquiète jamais quand je constate leur présence en quantité limitée au lancement d’un bac et après la refonte complète d’un arrangement, je fais juste en sorte que les besoins des plantes soient satisfaits. En général, je constate qu’elles disparaissent souvent d’elles-mêmes, aidées également par des ajouts réguliers de Permanganate de Potassium.

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Concernant votre philosophie:

D’où vient votre inspiration?

Les paysages que je crée proviennent directement de mon imaginaire. Il est ensuite bien difficile de dire ce qui influe sur mon imaginaire mais ce doit être un mélange de plusieurs choses : les innombrables paysages aquatiques déjà créés par les plus grands noms mais également par les moins grands noms, les paysage naturels que j’ai vu de mes yeux, les photos de nature, le cinéma, les romans que j’ai lus qui ont générés de nombreuses images dans mon esprit et probablement beaucoup d’autres choses aussi.

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De quelle manière procédez-vous pour réaliser votre paysage?

En ce qui me concerne, c’est un processus long et qui comprend plusieurs phases. Régulièrement, des paysages se créent dans mon esprit. Dès lors que l’un d’entre eux persiste sur plusieurs semaines alors il devient un futur projet. Bien souvent, je réalise un schéma (grossier…) pour le matérialiser. Ce n’est que plusieurs mois après, une fois que l’idée a pris beaucoup de maturité et que j’ai bien réfléchi à toutes les contraintes et à la manière de planifier la construction du hardscape et la plantation que je passe à l’action.

La phase de réalisation, proprement dite, est une phase moins étalée dans le temps mais très éprouvante physiquement dans la mesure où je la réalise sur plusieurs journées pleines d’affilée durant lesquelles je commence tôt le matin et je fini tard dans la nuit. En effet, elle se déroule avec l’aquarium en eau pour des raisons de contraintes personnelles et il s’agit donc d’être prudent quant au fait de ne pas tuer une partie de la population.

En conséquence, le démontage du précédent paysage est donc d’abord l’étape la plus fastidieuse : Tout d’abord, les plantes sont retirées, nettoyées et triées puis il s’agit ensuite de retirer les éléments du hardscape dans l’ordre approximativement inverse à celui de la construction pour éviter tout éboulement tout en retirant par phases le substrat qui avait servi à la création de terrasses. puis il me faut nettoyer les éléments de hardscape que je prévois de réutiliser. Cette phase me prend au total 16 à 20 heures en moyenne !

Vient ensuite la phase la plus exaltante : celle de la création du nouveau paysage. Tout d’abord, je prend mes repères pour définir le point de fuite, le point focal et je trace des lignes de force à l’aide de scotch transparent collé sur la vitre avant. Là, je procède par étape en commençant souvent de l’avant plan vers l’arrière plan. A chaque pierre posée ou racine posée, j’imagine la place que prendront ensuite les plantes et les mousses qui soit cacheront les zones inesthétiques mettront en valeur les zones souhaitées. Le cas échéant, je ressort la pierre pour coller les mousses sur le nouvel élément et je prend garde à laisser des espaces pour la plantation prévue. Pendant toute cette phase, je prend des clichés à intervalle régulier pour vérifier le rendu photographique et effectuer des ajustements au besoin. Une fois le hardscape terminé, il me reste à effectuer la plantation et les finitions par le biais de l’ajout de détails visuels permettant une bonne cohérence visuelle de l’ensemble. Cette me prend une bonne trentaine d’heure au final et me laisse épuisé par manque de sommeil.

Bien entendu, des défauts de conception apparaissent par la suite au cours des mois suivants, détectés par mes coéquipiers ou par moi-même et font l’objet d’ajustements permanents jusqu’à la photographie finale.

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Considérez vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez vous une technique particulière?

Pour moi, la photographie finale est l’étape ultime : celle qui conclut la réalisation du paysage.  Tout du début jusqu’à la fin doit prendre en compte le rendu de la photographie finale. Pour cela, chaque temps de la réalisation, de la réalisation du hardscape en passant par l’entretien et jusqu’à la préparation de la photo finale doit être guidé par des clichés « intermédiaires » du paysage qui permettront les ajustements tout au long de l’évolution. Ces photographies intermédiaires vont également permettre à mes coéquipiers de la FACT de voir l’évolution et ainsi d’émettre toutes sortes de critiques. Cet avis extérieur est capital également et serait impossible sans l’utilisation de la photographie.

Pour revenir à la réalisation de la photographie finale en elle-même, il existe en effet une phase de préparation du paysage aquatique qui fait l’objet d’un nettoyage complet de toute feuille douteuse, d’un brossage des pierres pour obtenir un effet « patiné mais pas trop » et éventuellement d’une taille discrète des plantes qui en ont besoin. Les vitres sont également nettoyées et je rajoute du sable de Loire là où il n’y en avait plus assez pour faire ressortir certains détails « clés » en créant plus de contraste.

Ensuite, la photographie finale en elle-même nécessite beaucoup de travail également : elle est réalisée à deux personnes avec un appareil photo Reflex haut de gamme, un flash très puissant et une boîte à lumière au dessus de l’aquarium. Un diffuseur (papier calque) est également placé sur l’aquarium afin d’adoucir la lumière. Plus d’une centaine de cliché sont pris durant la séance et un seul est retenu à la fin… en espérant que les poissons auront bien voulu se mettre dans une position adaptée au paysage proposé…

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Vous êtes un des membres fondateurs de la FACT, ce collectif de paysagistes créé il y a peu. Pouvez nous dire ce que l’esprit de groupe apporte dans une démarche artistique solitaire?

Le fait d’évoluer en équipe apporte plusieurs choses : motivation, émulation, critiques constructives, convivialité. Tout d’abord, le fait de se trouver au sein d’une équipe qui regroupe les gens parmi les plus talentueux de la discipline en France induit dans mon esprit comme une obligation d’être «au niveau» du reste de l’équipe et me permet de me mettre un peu de pression sur les épaules quant à la réalisation d’un paysage de qualité. Cela me pousse donc vers l’avant de manière incontestable. De même, nous communiquons quotidiennement sur un groupe Facebook privé et chacun montre régulièrement ses projets, ses avancées, et ses photos finales. Cela permet clairement de maintenir ma motivation à un niveau important sur le long terme et ainsi d’éviter les fatales périodes de «relâchement prolongé» sur la maintenance du bac, périodes dont j’étais coutumier avant d’intégrer ce groupe. C’est le principe d’une équipe : «les autres avancent, donc j’ai envie d’avancer avec eux».

Enfin et c’est probablement le point le plus important, cela me sort de l’isolement, néfaste à terme, que provoque justement cette «démarche artistique solitaire». En effet, en restant isolé, on finit souvent par s’enfermer dans sa vision sans s’en apercevoir et on manque complètement de recul sur ses propres réalisations. A titre personnel, je suis parfois incapable de voir un défaut majeur sur mon paysage avant que un ou plusieurs de mes coéquipiers n’attirent mon attention dessus. C’était d’ailleurs le cas pour celui de 2014 et je sais bien que je n’aurais jamais eu autant de succès avec cette réalisation sans l’aide des autres designers aquatiques français. Je les en remercie pour ça.

En dehors de l’Aquascaping  avez- vous d’autres hobbys?

Oui. J’essaie d’être sportif et je pratique le football de manière hebdomadaire ainsi que la course à pied. J’apprécie également de jardiner quand le temps s’y prête.

Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

Il vous faut trouver votre propre manière de faire du paysage aquatique : ce qui vous plaît et qui est en accord avec ce que vous êtes. Puis, pour progresser, inspirez vous de ce que font les autres sans les copier.

Merci Julien !

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Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Ulrich Poupin est l’un de ses membres.

<--break->FloraquaticBonjour !  Pourriez vous, s’il vous plait, vous présenter , nous parler un peu de vous et de votre travail. Depuis quand pratiquez-vous  ce hobby passionnant qu’est l’aquascaping?  

 U.P: Je m’appelle Ulrich Poupin, j’ai 37 ans et je réside dans l’Essonne.Je travaille comme chimiste dans une grande société de cosmétiques depuis 9 ans. Je suis passé auparavant, pendant 8 ans, par la case ouvrière dans plusieurs usines en collectionnant les petits boulots .

Je pratique l’aquariophilie de façon vraiment active depuis 2006 avec l’achat d’un bac d’angle de 190 litres. J’ai commencé par acquérir  peu de plantes car je ne voulais pas avoir  trop d’entretien à effectuer et de  tailles à répétition. Mais finalement  je me suis laissé entrainer par la passion et j’ai fini par collectionner le plus d’espèces de plantes possibles. Chaque nouvelle espèce était un  joyau à mes yeux. L’élaboration de ce  bac a été, la première année, un véritable apprentissage qui m’a permis de gérer  le développement d’une plantation et la maitrise des algues . En 2007, j’ai réalisé mon 1er véritable aquascape, pensé avec la mise en place d’un »hard ».

<--break->FQ: Combien d’aquariums avez-vous actuellement  et combien de temps passez-vous à  la maintenance de ceux ci? 

U.P: Je n’ai qu’un seul bac et cela me convient bien. Deux bacs seraient trop pour moi; j’y passerais trop de temps. Si le bac est équilibré, j’y passe peu de temps, disons trente minutes à une heure par semaine,voir tous les quinze jours. Si le bac présente des problèmes d’algues et /ou a besoin de tailles très régulières, cela peut prendre une journée entière de maintenance dans une semaine mais cela reste exceptionnel.J’organise la fertilisation et le choix du substrat, pour faire très peu de changements d’eau, un maximum de 1/3 du bac par mois.

FQ: Quel est, parmi toutes vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait 

U.P: Sans hésiter le bac Mervent parce que c’est avec ce projet que je suis entré pour la première fois dans le top 100 de L’IAPLC,mais aussi et surtout parce que c’est un bac qui a été réalisé pour me rappeler mes terres natales, le bocage Vendéen. Je l’ai créé pour faire plaisir à mes parents quand ils viennent nous voir dans la région parisienne.Je voulais faire entrer un échantillon du pays dans le salon.Hélas mon père est décédé deux jours avant la réception de la cuve qui devait accueillir le paysage .

C’est un hommage à mon père cette 77 ème place et quoiqu’il arrive par la suite dans les concours , ce bac restera le plus beau dans mon cœur.

C’est un hommage à mon père cette 77 ème place ! C’est pour cela que quoiqu’il arrive par la suite dans les concours , ça restera le plus beau dans mon coeur.

FQ: Maintenant voici quelques questions d’ordre technique :
Quel type de substrat utilisez vous? 

U.P: 1ère couche : Pouzzolane pour le dénivelé

2 ème couche : manado pour capter l’excédent de nutriment du new amazonia

3 ème et dernière couche : new amazonia de la marque ADA pour ses qualités nutritives, sa bonne accroche racinaire et son esthétique

FQ: Considerez vous la filtration comme une partie importante?

 U.P: Importante,oui .Mais la vraie clé pour un beau bac planté, c’est une bonne synergie entre tous les paramètres : éclairage – filtration, brassage – CO2 – fertilisation. Vous pouvez avoir 4 filtres en série avec un réservoir de bonnes bactéries ; c’est très important mais si le reste ne suit pas, vous aurez des plantes en souffrance et des algues en pleine forme.

FQ: Qu’est ce qui pour vous est très important lorsque que vous commencez l’installation d’un aquarium? 

U.P: Il faut commencer doucement en durée d’éclairage et surveiller l’arrêt de croissance des plantes avant de fertiliser . Patience, observation et action.

FQ: Avez vous un type de plantes et une espèce de poisson favoris? 

U.P: J’aime particulièrement les mousses et les fougères qui me rappellent un peu nos bords de rivières. J’apprécie particulièrement le comportement des petits cichlidés d’Amérique du sud.

FQ: Pouvez vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le début ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne la maturité? Est ce que vous considérez l’apparition des algues comme normale et que faites vous à ce moment là? 

U.P: À la plupart de mes mises en eau, j’ai souvent (trop souvent) été confronté aux cyanobactéries. Dans l’idéal, voilà la marche à suivre pour éviter les dégâts :

– démarrer un bac avec un filtre avec volume de filtration important est déjà »cyclé »

– ensemencer le bac dès la mise en eau avec des bonnes bactéries et mettre quelques paillettes tous les 2-3 jours pour « nourrir » ces bactéries

– éclairer seulement 6-7 heures par jour (1 watt/ litres)

– démarrer le bac avec des plantes à pousse rapide si possible ou des plantes flottantes.

Mon substrat est étudié pour limiter un maximum les changements d’eau( Max 1/3 du bac par mois), sauf s’il y a une invasion d’algues où je vide 80 % d’eau du bac. L’apparition d’algues est normale dans les premières  semaines qui suivent la mise en eau. En général je ne fais rien (sauf explosion soudaine d’algues qui traduit un réel déséquilibre) et je continue à soigner les plantes juste avec un équilibre : lumière – fertilisation- filtration – CO2. Elles disparaîtront petit à petit pour laisser la place à l’épanouissement des plantes.

FQ: Quel type de fertilisant utilisez vous?

U.P: Je fais moi-même mes engrais avec des poudres achetées dans le commerce et je les ajoute 1 fois par semaine : nitrate phosphate potassium Fer éléments-traces. Je résonne comme pour l’alimentation humaine : il faut un peu de tout. Donc j’ajoute tous les éléments pour mes plantes mais en petite quantité.

FQ: Avez-vous beaucoup pratiqué avant d’obtenir ce rendu si « naturel » dans vos bacs? 

 U.P: N’ayant toujours eu qu’un seul bac planté, j’ai souvent collectionné les versions dans un laps de temps assez réduit;c’était assez impulsif en fait .Donc oui, j’ai beaucoup pratiqué parce que quand je travaillais avec des bacs de 60 litres, je tournais avec deux ou trois versions différentes par an. Depuis que mon bac fait 360 litres, je ne réalise qu’une version par an . Il est important aussi d’avoir un support, une table, quelque chose qui retranscrive les dimensions du bac afin de « s’entrainer » à faire le hard juste .Par ailleurs,les longues balades dans la nature et l’observation, notamment en bord de rivières sont essentielles à mes yeux. La nature nous offre des éléments de choix pour le décor.

FQ:  La photographie est-elle pour vous une étape importante en Aquascaping ;préparez vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez vous une technique particulière?

 U.P: La photographie finale est une étape très importante; mal faite elle peut mettre à mal six  mois à un an de travail . Je suis assez mauvais en photo, j’apprends » sur le tas ».  Une chose essentielle est d’optimiser  la puissance de lumière (spot ajouté ou boite à lumière avec flash déporté) afin d’avoir une profondeur de champ maximale tout en gardant la sensibilité (ISO) de votre APN assez basse.

Il va de soi que le bac doit être irréprochable : feuilles abimées taillées, vitre nettoyée et décor brossé si nécessaire

FQ: Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

U.P: Cliff hui est un des plus marquants pour moi mais pour vous dire la vérité, je ne connais que très peu d’aquascapers de renom. Je m’intéresse d’abord aux bacs avant de m’intéresser à l’homme qui se cache derrière, certainement à tort . Récemment le travail de la TAU (Tokyo Aquascape Union ) et évidemment la CAU (Creative Aquascape Union) m’impressionne énormément.

FQ: Je vais vous donner une liste de mots ;dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

Takashi Amano : master

Aquariums Naturels : obsession

Yakushima : magnétique

Fukushima : nymphea phosphorescent

Amazonia : le top

Ecologie : essentiel

Photographie : faut vraiment que je m’achete un bon APN

Lily Pipe : écouvillon

Compétition : le lancé de bouse séchées à TRIAIZE en Vendée

 

 FQ:Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

U.P: Ne pas acheter un bac du commerce déjà tout équipé: il faut choisir et investir chaque élément du bac  pas à pas . En procédant ainsi on met toutes ses chances de son côté et cela  évite des achats à répétition dans l’avenir (éclairage insuffisant, filtre interne sous dimensionné etc etc).

Même remarques que ci-dessus à la mise en eau .

Toujours tout faire pour les plantes , ne rien faire contre les algues .  

 Acheter le livre d’Amano pour voir ce qui peut être possible de faire avec votre bac.

Se balader dans la nature afin de trouver l’inspiration; y chercher des pierres et des  racines.

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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Olivier Thébaud est l’un de ses membres.Olivier est l’aquascaper, le photographe et le rédacteur de Floraquatic. Nous allons, une fois n’est pas coutume, inverser les rôles et l’interroger. C’est pour nous l’occasion de vous le présenter sous un angle différentEn collaboration avec AQUAmag, certaines réponses ont été rédigées à l’occasion d’une interview réalisée pour le n°18  publié en 2013, faisant suite à sa performance lors de l’IAPLC 2012 (International Aquatic Plants Layout Contest) au cours duquel il a obtenu le meilleur classement français, se hissant à la 76ème place sur un total de plus de 2000 participants. 

IAPLC2012Local River, 2012

Le bac d’Olivier Thébaud, « Local River », peuplé de Stiphodon spp; et Microdevario Kubotai, a terminé 76ème au classement de l’IAPLC 2012, ce qui reste exceptionnel pour un Français. À noter que le rédacteur en chef d’AQUAmag*, Philippe Chevoleau, également membre du jury de l’IAPLC 2012, l’avait placé dans les 10 premiers de son classement.

FQ : Olivier bonjour! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Olivier Thébaud, vous avez 42 ans et vous êtes photographe.  Pouvez-vous nous parler un peu de vous? Depuis quand et comment pratiquez-vous ce hobby passionnant?

OT:  Je  suis venu à l’aquariophilie directement par la pratique de l’aquascaping et ce depuis 4 ans.

FQ: Vous avez en peu de temps acquis une certaine expérience et votre place à l’IAPLC, avec votre bac « Local River  » arrivé 76ème sur plus de 2000, est une performance plus qu’honorable. Comment en êtes- vous arrivé a ce niveau?

OT:  En 2012 lorsque mon aquarium a obtenu ce classement, mon fils aîné m’a dit:  « Quand je pense que sans moi tu ne ferais pas d’aquarium »…  L’histoire a commencé par la demande que font tant d’enfants : « Papa, je voudrais un poisson rouge ». Je crois que tout est dit. Puis ayant banni l’idée du bocal dans la chambre de mes fils, j’ai fait quelques recherches sur internet.J’ai alors trouvé par hasard un Iwagumi de Takashi Amano ainsi qu’un élevage de Betta splendens. Ces deux découvertes m’ont immédiatement séduit et j’ai alors pris conscience qu’un aquarium peut être assez beau pour prendre place dans un séjour. En rentrant chez moi, j’ai montré tout cela à ma petite famille en disant simplement: « je vais vous faire la même chose! » Après, s’en est  suivi une succession d’erreurs et de tâtonnements avant de parvenir à des résultats acceptables.

_MG_3119 copyFQ : Combien d’aquariums possédez-vous actuellement  et combien de temps la maintenance de ceux- ci vous prend-elle? 

OT: Aujourd’hui, j’ai deux aquariums,  le premier est chez moi; jele dédie aux paysages aquatiques. Le second est à l’atelier où je sélectionne et hybride des crevettes de sélection.

FQ : Quel est, parmi vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

OT: Je crois que c’est « Régénération« , mon dernier projet. Il fait partie intégrante de ma démarche photographique et de ma vie. Le désir de photographier la nature est né en 2005 lors d’une promenade en Bretagne après les grandes tempêtes.Dans l’obscurité d’une forêt magique, les arbres encore debout étaient tous mortstandis que ceux qui étaient tombés et jonchaient le sol  avaient résisténon seulement ils étaient encore en vie, mais leurs écorces étaient devenuesle nid de jeunes pousses d’ arbres. 

Cette régénération m’avait subjugué. Sept ans plus tardtoujours aussi passionné de paysages aquatiques, j’ai eu l’occasion d’effectuer un voyage au Japon sur l’île de Yakushima. L‘envie de reproduire dans un aquarium la régénération également présente dans les sous-bois de la forêt de l’île, est devenue alors mon objectif principal.

RegenerationRegeneration, Japon 2012

FQ : Maintenant puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique? Quel type de substrat utilisez vous?

OT:  J’utilise  uniquement de l’ ADA new amazonia pour mes bacs plantés et du Powder pour mon bac de sélection de crevettes.

FQ : Considérez- vous la filtration de l’eau comme une partie importante de votre travail ?

OT: La filtration est la partie la plus importante pour obtenir et maintenir l’équilibredu bac et, si un bon brassagelié à la filtration de l’eau est indispensable, c’est surtout le volume de cette dernière qui aujourd’hui m’importe. Je n’hésite pas à le doubler et à mettre en série les filtres. Ce procédé permet de limiter au strict minimum les changements d’eau; de plus il est ainsi plus simple d’obtenir la stabilité du milieu aquatique. Je viens de constater que moins je change l’eau d’un bac, plus vite poussent les plantes.

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Regeneration, 2014

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums depuis le début de leur conception ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

 

 

 

OT:  Je commence mes bacs paysagés en fonction de leur  volume et du choix des plantes. J’ai énormément appris en faisant des erreurs et en observant. Encore aujourd’hui, je commence doucement à installer un bac sans engrais, sans Co2 et avec un éclairage minimum, tandis qu’à côté je compte  lancer un autre projet avec dès le début énormément de Co2 et d’engrais. Il n’y a pas de règles mais des désirs, des besoins. Soit on veut aller vite en se fixant un projet, soit on peut ne rien faire de bien défini et juste observer. Ces deux approches ont leurs atouts; le seul point important est d’être régulier et de ne jamais modifier plusieurs choses en même temps car, si un problème surgit, il devient alors plus délicat d’en connaître l’origine.

Lorsque j’ai débuté, j’éclairais un bac de 150 litres avec deux ampoules de 23 watts, avec peu de Co2 et peu d’engrais. Il n’y a jamais eu présence d’algues et la végétation se développait bien. Lorsque j’ai évolué dans ma pratique, les algues sont apparues dans les bacs et aujourd’hui je suis devenu expert en la matière, grâce aux expériences des uns et des autres ainsi qu’au partage des solutions. Cela m’aide beaucoup!

FQ : Avez vous une préférence pour un type de plantes ou une espèce de poissons?

OT: J’aime les plantes, mais une revient sans cesse dans mes bacs ; c’est  l’Eleocharis vivipara. Elle est difficile à dompter mais la grâce lorsqu’elle frôle la surface de l’eau est d’une poésie troublante. Bien dense, elle ressemble à une chevelure dans laquelle parfois il faut passer la main avec une infinie douceur pour la mettre en place tout  en prenant soin de ne pas l’arracher. Rassurez vous je vais bien, mais j’ai une relation assez particulière avec cette plante.

regeneration-21J’aime tous les poissons. Ils sont fascinants à observer lorsqu’ils évoluent avec leur habitudes naturelles dans un paysage cohérent. De plus si le décor est pensé pour eux, alors l’aquarium devient un véritable lieu de nature et de vie.

instagramDans mon premier aquarium Deep Rooted qui avait fini 2ème du CAPA en 2011, j’avais déjà des Stiphodons dans mes bacsces poissons m’accompagnent désormais dans la plupart des projets  que je fais et c’est en pensant à eux que je conçois mes paysages.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

OT: J’utilise du fertilisant liquidej’ai un faible pour les produits Easy Life qui sont simples et très efficaces.  

FQ : Vous exercez le métier de photographe. Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping ? Préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

OT:  Je suis venu aux paysages aquatiques par la photographie. J’exerce ce métier depuis plus de 15 ans dans le reportage, la photo instantanée mais également dans le paysage. L’aquascaping est très lié à la photographie. Le premier point commun est l’espace: la photographie a un cadre, l’aquarium aussi. Les deux doivent avoir une composition, une âme… Un aquarium, comme une image, peut raconter une histoire. Pour le reste, j’ai découvert dans l’aquascaping un énorme panel de créativité. Il manquait peut-être cela dans la photographie que je pratiquais à l’origine et qui consistait à enregistrer le réel, sans jamais intervenir. Dans l’aquarium je choisis la population qui, selon ses besoins, va nécessiter un décor et une végétation particulière. C’est l’élément déclencheur. Puis ensuite rentre en jeu l’œil du photographe. Son habitude à composer avec le réel va l’aider à concevoir les décors. Mais en aquascaping, il s’agit de retranscrire des souvenirs, des impressions de promenades.

cropedregAu cours de l’évolution du paysage que je suis entrain de créer, je travaille avec des photographies « de face » que j’étudie longuement, car l’image permet de voir et de comprendre comment, en déplaçant une pierre, on peut créer de la profondeur, souligner quelque chose ou en étouffer une autre. Ce qui fonctionne sur une photo fonctionnera dans la réalité, alors que l’inverse n’est pas obligatoire. Grâce à la photographie, on peut observer les défauts et également partager l’évolution de son bac avec ses amis. Rien  ne vaut les conseils extérieurs, que ce soient ceux de mes amis français où étrangers qui pratiquent l’aquascaping, ou de ma famille. Une réflexion d’un de mes fils peut tout changer, car les enfants  ont un œil neuf, dénué de  préjugés et de contraintes. Le nombre d’or, ils s’en fichent !

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Photosynthèse, 2013

FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

OT:   Takashi Amano, Masashi Ono, Yutaka Kanno, Minoru Yamagishi, Dave Chow, mes amis de la FACT et pleins de jeunes débutants comme ceux que je croise au Café Aqua sur Facebook. 

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

OT: Oui; j’aime la musique, les sports de glisse.

FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

OT: Dans La nature et dans mon enfance. J’ai grandi non loin de  la forêt de Brocéliande. Au bout du jardin de la maison coulait un ruisseau; je partais souvent y pêcher les grenouilles muni d’un bâton et d’un chiffon rouge, et puis il y avait surtout  l’imposante et bruissante présence des arbres. La beauté était là.

Essayer de représenter la nature dans un espace délimité est un challenge passionnant qui, s’il est réussi, fait entrer un tableau saissisant et unique dans un interieur.illusion2-18Clisson, 2014

FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser?

OT: Prendre le temps d’observer la nature, se promener en forêt car c’est ainsi que l’on peut sentir la nature etla retranscrire plus aisément. Ensuite regarder les aquariums qui vous plaisent, comprendre la disposition des plantes, essayer d’analyser assez méthodiquement les bacs les plus réussis. Puis se poser et réfléchir au décor que l’on souhaite obtenir.C’est la partie la plus créative: la conception et la réalisation. Le choix des matériaux est crucialune belle racine où une belle pierre peut être réutilisée de maintes façons. À partir de cet instant, lorsque vous avez déjà votreprojet en tête, vous avez la possibilitévous faire aiderPour ce faire, vous pouvez contacter des aquascapers que vous appréciez, via Facebook par exemple.

(*) Nous tenons à remercier AQUAmag  ( www.aquamag.fr/) pour nous avoir permis d’utiliser certaines des réponses faite par Olivier à Pascal Bonetti lors de l’interview réalisé en 2013. 

 

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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Continuons à nous intéresser à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédemment parlé. Swee Lim Cheah est l’un de ses membres.Connu pour sa vivacité d’esprit, son altruisme sur les forums Français, Anglais et au niveau mondial depuis ses victoires dans les concours internationaux(*), Swee Lim Cheah nous a fait le plaisir de répondre avec la spontanéité qui le caractérise.

 

Dieng , 2012

FQ : Bonjour ! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Swee Lim Cheah, alias Swee ou Swee007 sur les forums, vous avez 32 ans, vous êtes responsable éducatif à la ville de Paris, père d’un petit garçon et vous habitez à DreuxPouvez-vous nous parler un peu de vous? Comment et depuis quand pratiquez-vous ce hobby passionnant?  

SLC:  Je pratique l’aquascaping  à proprement parlé depuis 3 ans 

FQ: Vous avez pourtant malgré votre jeunesse, un long passé dans le monde de l’aquariophilie, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

SLC: J’ai toujours été attiré par le monde végétal et animal. J’ai eu des aquariums assez jeune, mais ce n’était pas moi qui m’en occupais.

À l’âge de 15 ans, j’ai vu un bac planté chez un ami et après ça je me suis mis en tête d’en avoir un. J’ai harcelé ma mère pendant un an. Comme elle a vu que je ne lâchais pas l’affaire, elle s’est dit que ce n’était pas un caprice d’adolescent.  Un jour en passant à Pantin, elle a vu dans un dépôt vente un 96L à 500 francs et a décidé de m’aider à débuter. Au début j’étais paranoïaque, jouant un peu au chimiste avec mon aquarium du coup, je voyais des maladies ou des problèmes tout le temps et j’ai acheté plein de produits qu’aujourd’hui je ne regarde même plus dans les rayons.

Au bout de quelque temps, je n’avais plus d’autre place dans ma chambre que pour des bacs, et mon lit. Je crois que j’avais un truc comme 5 aquariums dans ma petite chambre, un 360 l, un 280 l, un 96 l, un 54l et un 20 l.

Depuis cette époque je ne suis resté que peu de temps sans aquarium. Même hébergé chez un copain pendant 6 mois, j’ai tout de même trouvé le moyen de relancer un petit bac.

FQ : Combien d’aquariums possèdez-vous actuellement  et combien de temps  la maintenance de ceux- ci vous prend-elle?

SLC: Aujourd’hui j’ai 7 bacs en eau, une batterie de 6 bacs (3 divisés en 2), un bac divisé en 4 qui me sert à garder des souches de plantes dans un fond d’eau et surtout à mettre des orchidées, et je m’apprête à lancer un paludarium dans un 120l. Il ne sont pas tous aquascapés, certains sont pour de la reproduction de crevettes, d’autres pour la maintenance de poissons qui me plaisent, d’autres en attente d’entretien parce que j’ai moins de temps maintenant.

FQ : Quel est, parmis vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

SLC: Je crois que le bac dont je suis le plus fier, c’est « Dieng« . Mon premier bac aquascapé. J’ai trouvé des pierres dans la nature. À l’époque j’étais tellement fauché que j’ai dû me débrouiller autrement. Il était impensable pour moi de mettre 100 euros dans des cailloux, si beaux soient-ils. Aujourd’hui c’est différent. C’était la première fois que j’utilisais un sol technique complet, pour la même raison qu’avant je n’achetais pas de pierres. Mais ça, par contre, après l’avoir essayé, je ne m’en passe plus!

 Dieng, c’est un bac que j’ai préparé avant de partir en Indonésie. Enfin, j’avais juste fait des essais avec les cailloux sur une table. Puis mon voyage m’a énormément fait de bien; j’ai fait des rencontres inoubliables, que ce soit avec la nature, ou avec les gens. J’ai voulu rendre un hommage, à mon échelle, à ces rencontres. C’est le bac auquel j’ai apporté le plus d’amour, et en même temps, c’est celui sur lequel j’ai fait mes premiers pas.

FQ : Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique?

Quel type de substrat utilisez vous?

SLC:  J’utilise du ADA new amazonia, du flora base, du Tropica plant grow. Cela dépend de ce que j’ai de disponible, où que je peux avoir à moindres frais avec les bons d’achat gagnés à des concours. Je pense qu’on peut faire avec n’importe quoi; avant je faisais mes sols moi-même. Mais il est incontestable, que les sols techniques complets facilitent grandement la vie. Ils permettent de structurer un décor et sont chargés en engrais. De plus, ils adoucissent et acidifient l’eau, et ça pour la maintenance de beaucoup de poissons ou de crevettes, c’est une avancée incomparable. Avant c’était bien plus contraignant et difficile pour avoir un bac avec une eau limpide, acide et douce.

FQ : Considerez vous la filtration comme une partie importante?

SLC: Une bonne filtration, c’est un avantage sérieux et cela facilite l’entretien. Je suis adepte du filtre externe; moins il y a de matériels visibles dans les bacs, mieux je me porte. J’attends d’un filtre d’avoir un volume de filtration important, qu’il soit peu bruyant, et ait un débit important. Après, pas la peine de prendre forcément du haut de gamme pour avoir du bon matériel.  Je pense que si l’on sait exactement ou l’on veut aller, alors l’on pourra mieux choisir le matériel adapté à ses besoins.

La Faille, 2012

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

SLC: Je démarre mes bacs paysagés avec beaucoup de plantes, 6 heures d’éclairage avec 1w/l même s’il est vrai qu’on ne doit plus compter comme ça mais avec les lumens, du Co2 en grande quantité, un filtre propre, ou sale, et aucun engrais avant que les plantes n’en montrent le besoin, à part l’easy carbo. Ça me permet souvent d’éviter les algues. On dit souvent que les algues sont normales au démarrage, cela n’est pas faux, mais si je peux faire sans, ça me va aussi bien.  Je complète l’évaporation par de l’eau osmosée pure. Je ne fais des changements d’eau que s’il y a un souci d’algue, où des décès inexpliqués, et également avant la photo-finish pour aspirer les déchets et avoir une eau encore plus limpide, et encore, parfois j’oublie…  Si mes bacs sont sains, les plantes poussent bien, les poissons et les crevettes sont en bonne santé. Un de mes secrets est que  je ne surpeuple pas mes bacs, je nourris peu et de façon variée, je dose les engrais de façon infime chaque jour, et encore j’oublie parfois 4 jours sur 7… Je navigue à vue et n’opère les changements qu’en douceur.

FQ : Avez vous un type de plantes et une espèce de poissons qui vous sont  favoris? 

SLC: J’aime les plantes, toutes les plantes, enfin non, pas toutes, mais presque. La dernière qui m’a interessé, c’est la Penthorum sedoides. J’aime ses différents aspects. Si on la laisse prendre de l’ampleur, alors elle peut être une plante d’arrière-plan, avec sa tige marron, dure, et ses feuilles vertes légèrement dentelées. Mais on peut aussi la tailler souvent, alors elle fait de merveilleux bosquets qui font un plan intermédiaire bas excellent après un tapis. En poisson, en ce moment je m’attarde beaucoup sur les ramirezi de formes naturelles. C’est un grand classique, mais c’est une star pour moi.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

SLC: J’utilise du fertilisant en poudre où ce que j’ai sous  la main (KNO3 + KH2PO4 + K2SO4 + Trace Mix), j’utilise sytématiquement de l’Eayscarbo d’EasyLife et actuellement du Tropica plant grow, offert gracieusement par la maison mère.

FQ : Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

SLC:  La prise de vues pour la « photo-finish » est très importante si l’on veut participer à un concours. Un bac « commun » ou juste sympa peut être sublimé par une belle photo et une bonne préparation. À l’inverse un beau bac peut ne pas être apprécié à sa juste valeur si la préparation est bâclée ou si la photo n’est pas au top. Je pense que la photo d’aquarium est un art à part entière. Moi je suis une quiche, mais j’apprends un peu, grâce à mon oncle Benoît Le Roux, et avec mes amis aquascapers. Mais la photo, c’est aussi la possibilité de partager ou encore d’oublier et de se souvenir.

La Faille, 2012

 FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

SLC:   Souvent je connais les bacs mais pas les auteurs mais je me soigne depuis quelque temps. Je pourrais citer Cliff hui, Siak Wee Yeo ou Takashi Amano, mais il y a tellement d’autres génies créatifs dont j’ai oublié le nom et qui m’ont procuré des émotions en voyant leur travail… Puis en France, il y a Michaël Leroy et Grégoire Wolinsky qui m’ont fait rêver et ont été des références avant que je ne les rencontre, maintenant que je les connais c’est différent. Plus le temps passe, plus je vois des personnalités qui sortent des petits bijoux, il y a un potentiel d’aquascapers de talent inimaginable en France, des personnes dont on ne connaît pas encore le nom mais s’ils persévèrent risque d’enrichir la scène française.

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

SLC: J’aime cuisiner, manger, boire, le jardinage non aquatique, observer la nature, me promener, les bestioles en général, aller à la pêche même si je rentre toujours bredouille.

FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

SLC: Pour mes bacs, parfois je m’inspire de la nature,  parfois une autre chose que je vois et qui n’a rien à voir, ou d’une idée que j’imagine lorsque je suis dans mes rêveries, il n’y a pas franchement de règle. Beaucoup de choses me nourrissent,  je les digère et une idée survient.

 

Thym Thym Thym

FQ : Je vais vous donner une liste de môts et dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

SLC:

  • Takashi Amano: C’est un novateur, il a impulsé une nouvelle dynamique à l’aquariophilie, c’est un maître. 
  • Aquariums Naturels : Ça me renvoie un peu à Takashi Amano en fait. C’est lui qui a su amplifier et démocratiser les paysages aquatiques.  Mais ça renvoie aussi à un morceau de beauté, à quelque chose d’apaisant et sachant canaliser une énergie.
  • Yakushima : À part les photos sublimes que tu y as faite, je ne connais pas, mais ça donne envie de découvrir.
  • Fukushima : Drame mondial
  • Amazonia : C’est un très bon sol, un bon outil, il a été une petite révolution.
  • Ecologie : Ça me touche, je suis concerné, je suis inscrit à une AMAP bio, j’essaie de conditionner mes façons de faire, d’agir à mon échelle, même si j’ai ma part dans la destruction. C’est penser aux générations futures, avoir une vue globale, se dire que les choses fonctionnent entre elles comme un tout, et qu’on peut être en harmonie ou tout pourrir. 
  • Photographie: C’est du boulot, c’est de l’instant, ce n’est pas facile pour tout le monde, c’est la prison d’un moment, d’un morceau dans un espace-temps arrêté.
  • Lily Pipe: C’est une galère pour les fainéants comme moi, c’est juste la misère, elles ont toujours été marron chez moi sauf les premières semaines. En plus j’en ai cassé… 
  • Forum: C’est un nid d’informations, tu peux tout trouver, le pire comme le meilleur, faut réussir à trier, ce n’est pas toujours facile. C’est aussi une source de partage de connaissances et de test pour les passionnés. Après, c’est comme tous les lieux publics… 
  • Compétition: Au départ  ce n’est pas mon truc, surtout dans la vie ou à l’école, je pense qu’il faut avoir d’autres façons de penser et de faire. Mais dans l’aquascaping, je trouve que c’est une façon de se remettre en question, de se tirer les uns les autres vers le haut. C’est un bon moyen pour avoir des critiques constructives de professionnels qui n’auraient jamais regardé ton travail sans cela. Et c’est intéressant d’avoir un regard critique de la part du connaisseur. Parfois c’est aussi l’occasion de pouvoir s’équiper à moindres frais. Moi ça m’a aidé.
  • Art: Yasmina Reza. Et plus largement, c’est une façon de se positionner, de critiquer, d’abonder, de remettre en cause, d’avancer, de réfléchir. Cela fait partie des essentiels d’une société intelligente. 

Soulaterre

FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser? 

SLC:  

  • De prendre son temps pour bien réfléchir le projet niveau matériel.
  • – De penser en amont au paysage souhaité, ça aide pour choisir ses racines, ses pierres, son sable, ses plantes.
  • – De ne pas hésiter à prendre une grande quantité d’éléments pour le hardscape, on ne fait pas un bac magnifique avec une racine et deux pierres.
  • – De chercher des conseils de personnes expérimentées ayant présenté des beaux bacs et d’écouter ces conseils. Souvent sur les forums je lis des gens qui demandent mais n’écoutent que lorsque cela va dans leur sens. Apprendre, c’est accepter aussi accepter des contrariétés. 

 

Merci à vous pour cet interview.

(*) Pour ne citez que son palmarès aux concours internationaux de bac planté: Thym Thym Thym termine 3e à l’AGA organisé par la prestigieuse Aquatique gardener Association, 1 er au GAPLC, et Soulaterre a obtenu la 2ème place au GAPLC et la 2ème place au CAPA en 2013 catégories 250 L.

 

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Les principes mêmes du « Nature Aquarium » selon Takashi Amano ne conviennent pas toujours à l’image que certains compétiteurs aquatiques proposent avec des réalisations qui tiennent plus du paysage terrestre que du paysage réellement aquatique, représentant les bancs de poissons comme des vols d’oiseaux.

Nous sommes ici heureux de vous présenter et de donner la parole à l’un de ses disciples, l’un des plus grands paysagistes aquatiques qui excelle depuis plus de 14 ans dans notre domaine : Masashi Ono.

L’aquariophile Masashi Ono, de par ses réalisations pensées pour les poissons, nous permet d’observer de réels paysages aquatiques et nous offre le plaisir de contempler un banc d’Altums sauvages comme si nous étions en apnée dans une rivière d’Amérique du sud.

Dans les oeuvres complètes de Takashi Amano ( à gauche sur la photo) nous pouvons lire un passage dont le contenu conviendrait tout à fait aux aquariums de Masashi Ono (au centre):

« …si vous voulez vraiment faire partie de l’élite, il faudra mystifier aussi les poissons. Bien sûr il est nécessaire que ce soient des spécimens sauvages d’Amazonie, d’Afrique de l’Ouest ou du Sud-Est asiatique. Si vous arrivez à faire croire à ces poissons qu’ils sont de retour dans leur milieu naturel, alors vous serez le meilleur des meilleurs. « 

Takashi Amano

 

Nous avons l’immense plaisir de partager avec vous cet échange avec Masashi Ono.

FQ: Monsieur Masashi Ono, permettez-nous de vous remercier d’avoir bien voulu nous accorder un peu  de votre temps et de vous présenter aux lecteurs francophones qui ne vous connaîtraient pas encore. Depuis combien de temps  réalisez-vous des aquariums naturels?

M.O: J’ai cinquante et un ans et je pratique le paysage aquatique depuis quatorze années.

FQ: D’où vient votre savoir-faire? .

M.O: J’ai acquis un certain savoir grâce aux livres de Takashi Amano et dans les boutiques d’aquariophilie.

FQ: Combien d’aquariums détenez-vous et pour quelle utilisation?

M.O:  J’ai quatre aquariums : deux me servent  à la réalisation des paysages aquatiques;  je réserve les deux autres à  la maintenance des plantes et des poissons.

FQ:  Combien de temps consacrez-vous chaque jour à vos projets?

M.O: Cela me prend à peu près dix minutes par jour.

 

FQ:  Passons à quelques brèves questions d’ordre technique. La lumière est-elle un point important pour vous et que recommandez-vous en matière de puissance et de temps d’éclairage? La filtration est-elle importante pour vous?

M.O: Oui la lumière est importante, il faut l’adapter en fonction des plantes choisies, volume et puissance étant des atouts majeurs. De plus la filtration a une grande importance

FQ: Quel type de fertilisation utilisez-vous?

M.O:  J’utilise du Power Sand ADA que je dispose au lancement de l’aquarium sous l’aquasoil , puis uniquement du Brighty-K de chez ADA.

Takashi Amano  et Masashi Ono à Tokyo en oct 2013.

FQ: les algues semblent totalement absentes de vos aquariums, quel est votre secret?

M.O: J’ajoute beaucoup de crevettes Cardina Multidentata et des Otocinclus pour prévenir toute invasion d’algues.

 

FQ:  A la fin lorsque l’aquarium est à son apogée, la seule trace qui permet de partager le projet  avec les personnes qui n’ont pas  l’opportunité de voir la réalisation de l’aquarium est la photographie. Est-ce une démarche importante pour vous?

M.O: Oui,  je l’utilise dès le commencement pour la disposition des branches, des pierres et le contrôle des zones d’ombre.

FQ: L’esprit et la grâce qui se dégage de vos aquariums est unique.

M.O:  Merci beaucoup

FQ: Concernant votre philosophie,vous êtes inspiré par la nature elle-même et vous êtes également passé maître pour transposer « l’esprit de la nature » et des paysages réellement aquatiques dans un aquarium. Ceci est extrêmement présent dans vos œuvres et présente un intérêt considérable aujourd’hui alors qu’une tendance à reproduire des paysages terrestres donne l’impression que les poissons volent dans le ciel. Vos décors sont purement aquatiques et les poissons sauvages semblent se comporter comme dans la nature.

M.O: C’est exactement cela, c’est mon but personnel: donner l’impression que mes poissons sont dans leur élément.

 

FQ:  Pouvez vous nous dire de quelle manière vous enrichissez votre inspiration et que recommanderiez- vous à un jeune aquascaper?

M.O: Je vais régulièrement marcher le long des rivières et à la montagne. Là-bas j’observe et j’étudie les dispositions naturelles des branches et des pierres dans la nature.

FQ: : Quelle est la chose la plus importante qui nourrit votre inspiration?

M.O:  la chose la plus importante est d’imaginer l’activité des poissons dans un décor, et tout faire pour que le paysage donne l’impression aux poissons d’être chez eux.

FQ: Lorsque nous observons vos aquariums,  nous pouvons découvrir une véritable unité, une ligne directrice qui, depuis le début, fait de tous vos projets une œuvre unique. Le novice imagine la nature chaotique, mais s’il l’observe longtemps, il découvre que l’organisation naturelle des choses est extrêmement précise. C’est ce qui ressort de vos aquariums, nous pouvons observer un banc d’Altum sauvage, immobile, se camouflant dans les racines comme dans la nature, à l’abri des Nymphaea ou des échinodorus. Cette simplicité apparente est une pure merveille, sans doute ce qu’il y a de plus délicat à atteindre. Les artistes utilisent le bois et le minéral depuis longtemps, les aquascapers y ajoutent le végétal, les êtres vivants, l’eau, la vie tout simplement.
Avez-vous beaucoup pratiqué avant d’obtenir cet effet naturel? Combien de temps cela prend-il pour concrétiser vos idées?

M.O:  Oui, il me faut essayer et essayer sans cesse pour retrouver le sentiment et le bon équilibre de la nature.

FQ: A première vue l’aquascaping semble être une passion solitaire, mais l’esprit de groupe y est important. Vous appartenez au très célèbre groupe TAU ( Tokyo Aquascaping Union), que partagez-vous avec ce groupe?

M.O:  Nous partageons notre passion, nous nous aidons lors du lancement de certains projets et nous partageons nos techniques de réalisation.

FQ:  Pour conclure, que recommanderiez-vous à un débutant où un aquascaper confirmé souhaitant se perfectionner?

M.O: Je lui dirais de conserver les mêmes racines, les mêmes pierres et de reconstruire des projets différents avec les mêmes pièces. C’est la meilleure méthode pour progresser.

FQ:  Merci infiniment à vous pour le temps que vous avez bien voulu nous consacrer ici. A très bientôt.

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Pouvoir partager avec vous les secrets d’un paysagiste aussi créatif que l’est Long Tran Hoang, est pour nous une grande satisfaction. Le contenu tiré de cette rencontre est conséquent et nous le  publions en deux parties; en voici la deuxième.

Première partie de l’interview 

Floraquatic: parlons un peu de Green Convergence. Cet aquarium a changé l’idée que nous avions  des paysages aquatiques dans le monde et de nombreux aquascapers depuis s’en inspirent.Pourriez-vous partager avec nous quelques images de la conception de cet »ovni » qui a terminé troisième lors de l’IAPLC de 2012? Quels sont vos secrets pour  maintenir en équilibre l’architecture de  cet extraordinaire décor ?

LTH: j’ai modifié le harscape de nombreuses fois; je n’ai donc pas tant d’images que cela. J’espère que celles que voici seront suffisantes pour expliquer mon travail . Afin de maintenir le décor en place, j’utilise des barres en inox, en perçant les pierres pour les tenir entre elles ainsi que de la glue. Les pierres de type Ohko StoneBlack Lava Stone sont tout à fait apropriées à ce genre de montage.

Floraquatic: vos projets « Delicate World » et  » Green Convergence »  sont une prouesse technique et esthétique de par leur construction. Avez-vous pratiqué beaucoup de tests avant de commencer ces bacs afin d’obtenir ce rendu ; combien de temps avez-vous passé pour concrétiser ces projets?

LTH: J’ai réalisé beaucoup de tests avec différents matériaux avant d’en arriver aux  hardscapes finaux. Pour ces projets Il m’a fallu deux à trois mois afin d’ajuster le décor définitif, en y consacrant quelques heures chaque jour et ce sans aucune contrainte de calendrier. C’est toujours le moment le plus intéressant de la création de mes aquariums. J’apprécie vraiment ces instants.
 

Floraquatic:  Pouvez-vous partager avec nous quelques détails?

Ici nous voyons les câbles utilisés pour rythmer, donner la position et la direction des Ohko Stone utilisées pour la fabrication de ce hardscape. À l’aide de barre en inox et de glu, les Ohko stones légères et faciles à modifier ont été le meilleur allié.

Floraquatic:  concernant votre façon  de concevoir vos projets et votre « philosophie », quelle est la chose la plus importante pour nourrir votre inspiration?

LTH: c’est sans aucun doute l’émotion que procure la nature. Je l’ai en tête de façon permanente et j’essaye toujours de faire ressortir cela dans mes projets. C’est à chaque fois mon challenge personnel.

Floraquatic: : lorsque l’on regarde vos aquariums, on découvre une ligne, une organisation mais le chaos est là, présent… Ce sentiment est très proche de la nature et c’est finalement ce que bon nombre d’artistes cherchent à obtenir: reproduire la nature dans sa complexité. C’est un « must » dans la pratique de l’aquariophilie et c’est ce qui fait que les paysages aquatiques, grâce à des créateurs  comme vous l’êtes, sont élevés au rang des pratiques artistiques. Les artistes utilisent depuis longtemps les mêmes matériaux que l’on retrouve dans les paysages aquatiques: le bois, la pierre, le végétal. Ceci est tout à fait contemporain.

 Au final,lorsque les plantes sont à terme, la seule trace qui permet de partager son travail avec les autres  est la photographie. La photographie est un plus, une prolongation naturelle du travail effectué ; elle aide à créer le hardscape, sert à sublimer ce  travail de création et à laisser une trace. Mais tout le monde n’est pas expert en photographie. Comment faites vous tout au long de vos projets?
 

LTH: je ne suis pas un bon photographe, j’utilise seulement mon téléphone pour prendre des images et je les ouvre sur un ordinateur pour constater les évolutions après des gros changements. Je demande de l’aide à des amis lorsqu’il s’agit de prendre une image qui conviendra pour l’IAPLC.

Floraquatic: l’aquascaping peut sembler être un hobby solitaire, mais lorsque l’on cherche un peu, on se rend compte que l’esprit de communauté y est important. En partageant et en échangeant des savoirs, le niveau de qualité des réalisations monte. Le Vietnam,par exemple, qui géographiquement est un petit pays comparé à la Chine est celui qui a une communauté réellement active et talentueuse. Il suffit de regarder les statistiques des participants à l’IAPLC et le nombre de bacs présents dans le top 100
 

LTH: oui, la communauté est très importante pour les aquascapers. Je suis très heureux car je peux recevoir beaucoup d’aide et de soutien concernant la maintenance grâce à la communauté vietnamienne. Toutefois actuellement, avec l’explosion des plateformes comme Facebook, l’échange est devenu international et simplifié pour partager nos expériences et nos passions avec des amis du monde entier. Tous, nous sommes une seule et unique communauté; nous  partageons les mêmes centres d’intérêt, le même amour pour la nature et nous prenons conscience ensemble de l’importance de l’écologie. Ceci crée le concept de « Nature-Aquariums  » comme nous les rêvons. En sept années de pratique, je suis vraiment heureux d’avoir eu la chance d’apprendre et de partager mon hobby avec beaucoup de paysagistes talentueux du  monde entier. Nous avons progressé ensemble sans aucune frontière. Je peux voir beaucoup de mes amis internationaux dans le top27, et non seulement des Vietnamiens. Ceci est à l’évidence la preuve que tout le monde peut créer un bon hardscape et figurer dans les meilleurs mondiaux; il suffit pour cela de trouver la méthode pour améliorer son travail.

Voici le dernier aquarium réalisé par Long Tran Hoang, après de nombreux déboires il n’a pas eu la possibilité le faire concourir cette année. Mais cette réalisation, dans la veine de ses précédentes réalisations nous a vraiment enthousiasmés une fois de plus.

Floraquatic: pour conclure, que recommanderiez-vous à un débutant où même à un aquascaper confirmé qui souhaite progresser?

LTH: d’après moi,faites-vous des amis, partagez votre passion avec les aquascapers. Via des groupes, essayez de progresser et participez à des concours nationaux et internationaux comme IAPLC et AGA…ceci vous ouvrira des portes et vous permettra d’élargir votre réseau. Une astuce pour ceci, via Facebook, ajouter à votre page petit à petit vos aquascapers préférés, ces amis virtuels de Facebook deviendrons alors un véritable réseau qui vous permettra de poser des questions ou d’obtenir les critiques qui vous feront progresser

Floraquatic: Merci ! Merci Beaucoup Long Tran Hoang pour cette rencontre très enrichissante !

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Pouvoir partager avec vous les secrets d’un paysagiste aussi créatif que l’est Long Tran Hoang, est pour nous une grande satisfaction. En effet, ce maître incontesté d’aquariums de conception révolutionnaire, a bien voulu nous accorder une interview. Le contenu en est si conséquent que nous publierons cette rencontre en deux fois.

Monsieur Long Tran Hoang, bonjour,

 Nous voudrions tout d’abord vous remercier d’avoir accepté, et ce malgré votre agenda extrêmement chargé, de nous accorder cette longue interview, nous offrant ainsi l’opportunité de présenter votre travail et votre vision de l’aquariophilie, en France. Ce premier contact nous a convaincu que, derrière votre immense talent, se cache un artiste passionné, à la philosophie toute contemporaine.

 

Connu du monde de l’aquascaping depuis longtemps, vos aquariums sont devenus aujourd’hui des références. Pour la première fois, une idée de conception très particulière a révolutionné l’histoire du paysage aquatique et ouvert de nombreuses voies, apportant un nouveau souffle de créativité dans le monde du design aquatique.

 

Floraquatic: Malgré cela, pour les français qui ne vous connaissent pas pourriez vous nous parler un peu de vous?
LTH : Bonjour à tous, mon nom est Long Tran Hoang, je suis Vietnamien et j’ai plus de sept années d’expérience en aquariophilie.

Into the green 155x81x50 cm ©Long Tran Hoang

N°8 IAPLC 2010

Floraquatic: Quel est votre occupation principale?

LTH: Je suis architecte.

Floraquatic: Combien d’aquariums avez-vous aujourd’hui et à quoi sont-ils destinés?

LTH: J‘ai trois aquariums, deux sont dans mon salon principal, ils ont respectivement 650 et 180 litres. Le troisième, de 930 litres, se trouve dans le salon familial. Deux de ces aquariums sont utilisé pour l’IAPLC, celui de 650 litres pour l’IAPLC 2011 et celui de 930 litres pour l’IAPLC 2012; l’autre me sert à tester des plantes.

Floraquatic: Combien de temps par jour dédiez-vous à votre passion?

LTH: Actuellement je réalise seulement un aquarium par an pour la compétition. Pendant la période finale je passe environ deux à trois heures par jour sur l’aquarium qui sera envoyé à l’IAPLC. Les autres ne me demandent pas plus de trente minutes d’attention chaque jour.

Floraquatic:  Passons à quelques questions d’ordre technique: La lumière est-elle pour vous un point important et que recommanderiez-vous comme rapport puissance/temps d’éclairage?

LTH: J’utilise des T5 HO pour mes aquariums.

Je n’ai aucune règle précise pour la durée d’éclairage. J’adapte la situation pour l’aquarium concerné pour la durée d’éclairage la plus adaptée possible. Mais habituellement j’éclaire entre huit et dix heures par jour durant les deux premiers mois. Avant une photo finale je peux même aller jusqu’à éclairer vingt heures l’aquarium.

Floraquatic: Est-ce que la filtration est une partie importante pour vous et que recommandez-vous en matière de puissance et de taille? Quel type de masse filtrante utilisez-vous?

LTH: J’utilise beaucoup de filtres pour mes aquariums. Deux gros filtres de 65w, avec une contenance de 23 litres chacun pour mes bacs de 930 et 650 litres. Pour mon 180 litres j’utilise seulement un filtre de 23 w et de 7 litres.

Floraquatic: Quel type de substrat utilisez-vous?

LTH: Seulement de l’Aqua Soil ADA.

Floraquatic: Quel type de fertilisation adoptez-vous et quand commencez-vous à la mettre en oeuvre ?

LTH: J’utilise également la gamme ADA de fertilisant. Je commence la fertilisation dès le lancement de l’aquarium et j’adapte la quantité de produit en fonction du nombre de plantes aquatiques qui sont dedans.

Floraquatic: Les algues semblent absentes de vos réalisations, comment agissez-vous lorsque vous en découvrez?

LTH: Je suis extrêmement attentif à la propreté du hardscape et des plantes…avant chaque mise en eau et pendant tout le développement de mes projets. C’est ma façon de protéger mes aquariums de toute source externe d’algue. Cette surveillance est complétée par une observation quotidienne, ainsi je décide de la fréquence et de l’importance des changements d’eau, de la fertilisation et si le temps d’éclairage est suffisant.

Si je découvre quelques types d’algues que ce soit, je vais effectuer plus de changements d’eau, je réduis la fertilisation et je baisse la durée d’éclairage.

Dans de très rares cas, si je suis face à une invasion d’algues, j’utilise du Phyton Git de chez ADA;

Floraquatic: Le hardscape est le squelette du paysage aquatique. dans votre cas peut -on comparer votre hardscape à l’architecture de votre aquarium?

LTH: Je considère la hardscape comme la structure de mon aquarium, c’est en effet similaire à une démarche architecturale. En cela je cherche les moyens techniques les plus adaptés à la réalisation du décor et maintenir stable la forme que j’ai souhaité obtenir. J’utilise pour cela des matériaux comme la super glue, des barres en inox etc.

En même temps mon décor est juste un support, une base pour les plantes aquatiques. En cela il doit être pensé et convenir à la liste des plantes que j’ai décidé d’utiliser pour chaque arrangement. Un aquarium est réussi, à mon avis, lorsque le décor montre la beauté des plantes aquatiques que j’ai choisi d’utiliser.

Floraquatic: Vous êtes influencé par la nature luxuriante mais vous êtes également un véritable concepteur. Pouvez-vous nous dire quelles sont vos sources d’inspirations?

LTH: Mes projets, chaque année, expriment ma vision de notre monde et de l’environnement naturel. En ce qui me concerne, un aquarium réussi ne doit pas seulement être beau, mais il doit aussi exprimer d’autres sentiments au regard du public. Cela sous-entend que le paysage montre mon expérience dans la vie au quotidien, mon point de vue par rapport aux relations et à l’interaction qu’il y a entre l’homme et la nature. Il exprime également ma désolation de voir que nous détruisons les beautés de la nature et l’espoir qu’un jour cela cesse.

Pour illustrer mon propos, en 2011, mon aquarium a tenté de réunir les convergences qu’il y entre la terre et est le ciel dans notre monde en réponse à la colère de mère nature; les tempêtes, les tremblements de terre… avec un message: nous appartenons à un monde saisissant, magnifique, précieux mais si fragile.

Après ce paysage aquatique, j’ai voulu apporter au public une réflexion tant sur la beauté que sur la fragilité du monde dans lequel nous vivons.

Trouver une bonne idée pour réaliser un décor est difficile, mais trouver le matériel nécessaire pour sa réalisation est d’autant plus ardu. Le plus délicat était de trouver la manière d’utiliser les matériaux pour exprimer notre sentiment au regard du public.

En ce qui me concerne c’est toujours un processus très long qui demande du temps et des efforts pour retranscrire l’émotion et le sentiment de la nature. Certaines idées resteront toujours au stade d’idées car je ne peux trouver de solution à leurs réalisations et qu’il m’est impossible d’obtenir les matériaux nécessaires. A contrario, si un aquarium est réalisé avec moins de temps, moins de concentration, un manque de sentiment et de naturel, alors cet aquarium deviendra un aquarium sans âme.

 

©Long Tran Hoang

Delicate World 150 (L) x 81 (l) x 48 (h)cm

N°1 IAPLC 2011

Plantes:

Glossostigma elatinoides

Hydrocotyle sibthorpioides


Marsilea hirsuta


Marsilea quadrifolia


Bolbitis heudelotii


Sagittaria subulata sp.

Poissons & Invertébrés
Hyphessobrycon amandae

Neocaridina heteropoda var
.

( la suite de notre rencontre avec Mr Long Tran Hoang sera publiée la semaine prochaine)

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Fondateur du mouvement « Aquarium Naturel » qui avait changé un hobby jusqu’alors réservé aux passionnés de poissons et de plantes aquatiquesTakashi Amano, a attiré dans son mouvement  au delà des aquariophiles, un nombre considérable de passionnés de la nature .

Amano. Ce nom revient sans cesse lors de nos différents articles. En effet,Takashi Amano est connu des aficionados de l’aquariophilie depuis plus de 30 ans. C’est un personnage au profil tellement particulier que nous avons décidé de vous présenter, brièvement et à notre manière ce monstre sacré, créateur du concept de » l’Aquarium Naturel« .

Si nous avons eu la chance de le rencontrer à deux reprises lors de la « Nature Aquarium party  » de 2012 et lors de notre passage à Niigata dans sa galerie, nous n’avons pas pu obtenir une interview en particulier. Son service de communication nous a donné carte blanche pour puiser les informations disponibles sur son site personnel. Une rencontre avec Minoru Yamagishi,qui fût le premier a distribuer les produits ADA et qui est témoin des débuts de Takashi Amano  à Niigata, nous a permis de mieux capter et comprendre comment un mythe est né ici , mythe  qui a changé à tout jamais la vision des aquariums de par le monde.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant ses réalisations personnelles, Mr. Amano, né au Japon, à Niigata  en 1954 , n’a reçu ni éducation artistique ni formation de paysagiste. Même si ces oeuvres peuvent rappeler les jardins de pierre de Kyôto où les créations du célèbre dessinateur Japonais Hokusai qui a influencé de nombreux artistes européens comme Van Gogh, Monet et Gauguin pour ne citer qu’eux, Takashi Amano est un « self Made Man » à la formation  empirique qui a réussi à réaliser son rêve: vivre de ses deux passions, la photographie et l’aquariophilie.

Son parcours est vraiment atypique. Mr. Amano a reçu une formation de coureur cycliste de circuit professionnel, et c’est grâce aux légendaires mille soixante dix-huit victoires de sa carrière qui a duré dix-sept années, que Takashi Amano a pu économiser et mettre de coté les 1.6 millions de dollards qui lui ont permis de fonder ADA entreprise.

Son rêve est devenu réalité après plus de trente années qui n’ont pas toujours été des plus faciles. En effet, c’est en tenant une modeste boutique de plantes aquatiques qu’Amano a fait ses débuts  et a acquis sa renommée au Japon.

Si son talent pour « maintenir » les plantes en bac a fait sa réputation ce sont les débuts de son entreprise « Aqua Design Amano« , qui ont provoqué un déclic dès-lors qu’il s’est associé à une marque de renom au Japon connue pour la qualité de ses services et de ses outils en inox.

Depuis ses débuts en 1984, il  a appris seul dans son atelier, en faisant  quantités d’erreurs, ou en passant des heures entières jusqu’à des heures avancées de la nuit  à   positionner des pierres,  pour tout défaire et refaire le lendemain.

Dès lors  ses idées n’ont cessé de faire avancer la société Aqua Design Amano (ADA) ,qu’il sagisse de l’invention des outils en verre comme les Lily Pipe ou du sol révolutionnaire Aquasoil désormais incontournable en aquarium Omettre de préciser que c’est l’invention du » Mini Cube Garden« qui est à l’origine du succès planétaire des Nano Aquariums, serait oublier que non seulement Amano a  créé des produits, maisqu’il est également à l’origine de tout un mouvement créatif .

Depuis 1975, Amano a commencé à visiter des forêts tropicales humides en Amazonie, à Bornéo, en Afrique occidentale et des forêts vierges au Japon et il a travaillé sur de nombreuses séries de photographies se concentrant sur la nature intacte avec des appareils photo grands formats que l’on appelle chambre photographique. Son approche photographique n’est pas une approche artistique, aucune sensibilité personnelle ne ressort de ses travaux qui se veulent être des enregistrements froids et techniquement parfaits de la nature.Ses photographies documentaires sont des témoignages qui ont une dimension scientifique dans le sens où ses clichés sont classés, archivés selon la localisation géographique. 

En trente années, Mr. Amano dont le but premier était d’imiter la nature, voire de la sublimer dans un aquarium, a fait passer, grâce à son esprit d’entreprise ce hobby réservé à quelques passionnés japonais, à un mouvement international qui est aujourd’hui répandu dans plus de 63 pays.

Désormais, Aqua Design Amano est une société qui emploie 86 personnes avec un revenu annuel de plus de 12 millions de Dollards.

Il parraine le plus grand concours de paysages aquatiques au Monde qui cette année a obtenu plus de 2164 entrées de 57 pays.

 

 

 

 

 

©Takashi Amano

Les derniers projets photographiques de M. Amano impliquent la documentation dans le détail méticuleux des paysages sauvages de la région de NIigata, car il craint que des dégâts environnementaux ne  changent ces environnements de façon irrémédiable.

La création d’aquarium Naturel reste une passion, dit M. Amano.

« La création de la nature, » dit-il, « est le luxe suprême. »

Liens vers ses réalisations:

Nature Aquarium Gallery:  Photographies, Video

Sumida Aquarium: Grassland , Primeval Forest

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Désormais habitués à nos rencontres avec ces aquascapers du bout du monde, il nous semblait important de reprendre la suite de notre tour de France des paysagistes aquatiques.

Intéressons-nous à la FACT, ce groupe d’aquascapers dont nous vous avons précédement parlé. L’un de ses membres, Gregory Charlet, connu des aquariophiles pour son expérience dans le monde des Apistogramas est devenu en trois ans l’un des  aquascapers les plus actifs et prometteurs de l’hexagone. Il a accepté de répondre à nos questions.

 

FQ : Bonjour ! Tout d’abord permettez-moi de vous présenter. Vous vous appelez Gregory CHARLET, alias greg78520 ou Greg C, vous avez bientôt 34 ans, vous êtes informaticien, marié, père de trois enfants  et vous habitez dans l’Ain à Peron. Pouvez-vous nous parler un peu de vous? Comment et depuis quand pratiquez-vous ce hobby passionnant?

GC:  J’ai découvert l’aquascaping voilà  bientôt 3 ans Mais ce n’est que depuis deux ans que je crée réellement des bacs dignes de ce nom.

FQ: Vous avez pourtant malgré votre jeunesse, un long passé dans le monde de l’aquariophilie, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

GC: Par le passé, j’ai fait des aquariums où se retrouvait de tout et n’importe quoi comme Mr tout le monde au départ d’une passion. Puis quelques années après avoir dû arrêter, je me suis remis sur mon ancien 330L et j’ai commencé les aquariums plantés tout en ayant des Apistogramma dedans et dans une autre cuve.

Je les ai maintenus avec plus au moins de succès.

Dans le 330L, j’ai eu :

  • – Apistogramma Bitaeniata Mamuri F2 avec pas mal de repros
  • – Ivanacara Adoketa avec une repro mais vu l’état de mes paramètres, elle n’a pas tenu

Dans le 80L, j’ai eu :

  • – Apistogramma eremnopyge F0 avec pas mal de repros puis j’ai dû me séparer du couple et des alevins pour cause de déménagement et parce que ma femme ne supportait plus les aquariums couleur café.

Dans le 65L, j’ai eu :

  • – Apistogramma Agassizii Tefe Mutu F3 avec une seul repro et pour les mêmes raison que le 80L, j’ai dû m’en séparer.

Vous pourrez retrouver quelques informations sur le blog que je tenais à jour sur mes différents aquariums, bricolages, nourritures… avant mon arrivée à la FACT.

http://aquagreg-c.blogspot.fr/

FQ : Combien d’aquariums possèdez-vous actuellement  et combien de temps  la maintenance de ceux- ci vous prend-elle?

GC: Je m’occupe actuellement de deux bacs, un de 260L brut et un de 137L brut et leur consacre en alternance en moyenne deux à trois heures par semaine.

FQ : Quel est, dans vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus satisfait?

GC: C’est  la 1ere version de mon bac de 260L; il me semble vraiment aquascapé et abouti.

FQ : Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients puis-je vous poser quelques questions d’ordre technique?

Quel type de substrat utilisez vous?

GC:  J’utilise de l’ADA New Amazonia

FQ : Considerez vous la filtration comme une partie importante?

GC:  Pour ma part, je considère que la filtration joue un rôle particulièrement important . Plus elle est importante, plus les  bactéries seront présentes et plus elle est puissante moins il y aura de zones mortes.  Actuellement, je travaille sur  mon bac de  260L avec deux  filtrations : une Tetratec 1200  plus une Eheim 2026,  soit 2150Litres  par heure au total.

FQ: Qu’est-ce qui, pour vous, a le plus l’importance lorsque vous débutez la création d’un aquarium?

GC: Je considère  très important, au lancement d’un bac ,de mettre des plantes à croissance rapide afin d’éviter de devoir lutter contre les algues qui surviennent au début de sa mise en place. Je mets toujours des Pistia qui sont d’excellentes pompeuses de NO3. Une fois les plantes installées,  je leur apporte du potassium (K) quotidiennement et  je ne m’autorise aucun déplacement de celles-ci pour qu’elles puissent s’enraciner le plus vite possible.

FQ : Avez vous un type de plantes et une espèce de poissons qui vous sont  favoris?

GC:  J’affectionne particulièrement la Bolbitis heudelotii et la Staurogyne Repens. Concernant les poissons,ma préférence va aux  Apistogramma que j’ai utilisés par le passé.

FQ : Pouvez- vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne sa plénitude? Considérez-vous  l’apparition des algues comme normale et que faites- vous si vous constatez leur présence ?

GC:  Concernant le démarrage d’un bac,voici ce que je fais:

  • – Lumière :à 9h/jour
  • – CO² à 1b/sec
  • – Apport de potassium (K) quotidiennement

Je n’effectue aucun changement d’eau pendant le cycle puis je change 20-30% chaque semaine.

Je pense qu’au tout début, l’apparition d’algues est tout à fait normale.  ela ne doit être en aucun cas un sujet d’inquiétude car par la suite celles-ci tendront à disparaitre.

Quand les algues apparaissent,  je diminue d’une heure  la durée de l’éclairage, j’augmente le volume de mes changements d’eau, j’apporte un peu plus de K et j’observe attentivement l’évolution.

FQ : Quel type de fertilisant utilisez vous?

GC:  J’utilise du fertilisant en poudre (KNO3 + KH2PO4 + K2SO4 + Trace Mix), de l’Eayscarbo d’EasyLife

FQ : Considérez-vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez-vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez-vous une technique particulière?

GC:  En effet, la photo est un moment crucial pour immortaliser une œuvre.

Je prépare mon bac 1 semaine avant la photo finish quotidiennement pour que celui-ci le jour J, soit opérationnel et que je puisse me concentrer totalement sur la photo et pas sur le placement d’une plante ou un grain d’ADA tombé sur le sable ou tout autres soucis de la sorte.

Je fais un coffrage pour que mes rampes (je rajoute une rampe de 2x39W à ce moment) d’éclairage soient totalement cachées et ne diffusent une lumière négative vers le reflex.

Je positionne sur chaque côté de l’aquarium, une plaque de carton avec des feuilles d’aluminium apposé côté vitre pour éviter que la lumière soit diffusée ailleurs que dans le bac car avec ce principe, la lumière reflète sur l’aluminium et repart dans la cuve.

Je retire tout matériel (filtrations, chauffage, CO²) puis j’active un écumeur de surface 20min avant la séance shooting afin d’éviter d’avoir un voile gras, feuilles flottantes.

Je nettoie  les carreaux pour éviter toutes traces grasses, coulées d’eau.

Je retire tous les escargots collés aux vitres.

 FQ : Vous nous dites que lorsque le bac est en eau vous ne touchez plus à rien, cela laisse sous-entendre que votre décor a été murement réfléchi avant. Comment procédez-vous et est-ce que vous travaillez seul ?

GC: Je travaille mes décors dans une caisse en bois que je me suis fabriqué à partir d’un vieux bureau de PC et des planches que j’avais sous la main. Cela me permet de pouvoir m’exercer sans la crainte de rayer les vitres ou bien de les casser.  Je touche rarement le hardscape une fois en place et en eau car, une pierre tient une partie qui pourrait tout chambouler et il faudrait tout refaire à 0 !

Donc oui, le paysage a été longuement réfléchi et travaillé avec les collègues de la FACT. Le principe de base est de montrer là où je veux aller puis, les conseils, contre-avis arrivent puis je finalise selon leur dire.

Il est important de partager son décor à nu car vous avez votre propre idée de ce que vous souhaitez et les personnes extérieures ont un autre regard qui ne peut apporter que du positif.

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FQ : Pouvez-vous nous donner le nom de vos aquascapers favoris?

GC:  Cliff Hui, malgré son jeune âge, est  pour moi l’ un des meilleurs aquascapers au monde et j’espère pouvoir un jour arriver à son niveau. La création que  Cliff hui préfère est  « Alongside ».

FQ : En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobbys ?

GC:  J’aime les ballades en forêt ou en montagne, le basket que j’ai pratiqué pendant 13ans, les sports de combat et le RC Lens

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FQ: Où trouvez-vous votre inspiration?

GC: Je trouve mon inspiration dans la terre mère au travers de mes différentes ballades en famille à la montagne, forêt, au bord de cours d’eau, voyage à La Réunion (pays de ma femme) qui m’a inspiré pour mes 2 dernières réalisations de 2013.

Je ne sors jamais sans mon appareil photo qui me permet d’immortaliser une scène forestière ou autre !!

Voir comme les plantes s’installe sur les roches, les arbres, souches mortes est un réel bonheur pour moi.

 

FQ : Je vais vous donner une liste de môts et dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

Takashi Amano : Maître de l’aquascaping et le fondateur d’ADA (Aqua Design Amano)

Aquariums Naturels : Zenitude

Yakushima : Foret primaire et princesse Mononoke

Fukushima : Drame mondial

Amazonia : Excellent sol technique

Ecologie : Nicolas Hulot

Photographie : Liberté

Lily Pipe : Verre qui casse

Forum : Aquagora

Compétition : IAPLC, CAPA, AGA

Art : Bonsaï

FQ : Pour terminer notre entrevue, auriez  vous un conseil à donner à un paysagiste débutant soucieux de progresser?

GC:  Prendre le  temps de bien étudier les plantes et leurs besoins, écouter les anciens, se documenter, bien choisir son matériel, qui n’est pas forcément le plus cher, mais celui que l’on ne changera pas dans trois ou quatre mois et surtout de la patience !!!

Merci à vous pour cet interview.

 

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Shinji Fujieda notre contact, ne pouvait pas nous laisser quitter Tokyo sans nous présenter maître Minoru Yamagishi, son père spirituel.

Si Mr Minoru Yamagishi est appelé « Sensei » ( Maître) au Japon c’est pour une raison  bien particulière. Nous pouvons, grâce à cette rencontre, découvrir les liens étroits qui unissent  paysages aquatiques et sélection des crevettes.

Nous allons rencontrer la personne qui a, grâce à quelques photographies, changé radicalement certaines pratiques aquariophiles et généré par la suite la passion que nous connaissons pour les crevettes. Fort de ses soixante seize ans, âge qui inspire le respect et nous fait voyager dans l’histoire de l’aquariophilie, Mr Minoru Yamagishi a élevé les plus belles carpes Koi du Japon pendant plus de quarante cinq ans à Niigata.

Il a tenu une boutique devenue célèbre dans le monde entier « Aqua Shop Negishi » jusqu’en 2011 et est l’un des plus grands aquascapers japonais, remportant régulièrement et ce depuis le début, les meilleures places à l’IAPLC. Mais c’est pour un tout autre sujet que nous avons décidé de partir à sa rencontre .

Pour la plupart des Occidentaux l’histoire de Caridinas Cantonensis commence au début des années 90 avec Monsieur Hisayasu Suzuki.Or, lorsque l’on fait des recherches au Japon, on trouve quelques indices assez pertinents.

Un article de Monsieur Takashi Amano dans le fameux magazine japonais Aqua Life nous décrit les premières crevettes abeilles rouges et blanches comme étant apparues en 1989 dans les aquariums d’un certain Minoru Yamagishi.

L’histoire commence en 1989. Alors éleveur de carpe Koi, monsieur Minoru Yamagishi commande 200 crevettes à Hong Kong; 100 ont une couleur orange et blanche translucide, 100 sont noires et présentent  également  des traces de blanc translucide. Très minutieux dans la sélection des fameuses carpes Koi au Japon, monsieur Minoru Yamagishi va commencer à sélectionner les plus belles crevettes, une par une. Il va lui falloir dix années de sélection pour obtenir les CRS et CBS que nous connaissons aujourd’hui. Le pourcentage de sélection est incroyable: une crevette sur un million est retenue, un travail de titan!

 

 

 

 

 

En 2001,cette photographie de Monsieur Minoru Yamagishi, publiée et projetée lors du fameux concours IAPLC va faire le tour du monde.

La clarté de l’image, la beauté du paysage et la présence des premières CRS en photographie va  accélérer  la diffusion de ces nouvelles espèces. Ces crevettes qui jusque là, n’intéressaient qu’une poignée de passionnés Japonais, vont grâce à ces images devenir très en vogue.

En 2003 Monsieur Minoru Yamagishi vendra même une crevette 1 million de Yen Japonais. Cette première vente record fût donc le point de départ de la folie des amateurs aquariophiles et du succès que nous connaissons aujourd’hui.

Créateur de la première Hinomaru, il nous a livré quelques-uns de ses secrets. Héritage de son expérience de  l’élevage de Carpes Koi, ses crevettes sont maintenues dans des bacs relativement grands, disposant tous d’une très grande filtration. En procédant ainsi, les changements d’eau sont rarissimes et lorsqu’ils sont effectués, ils sont très importants. Le volume de filtration garantissant la pérennité de l’équilibre.

En règle générale, Monsieur Minoru Yamagishi ne touche à rien; tous ses bacs sont très plantés et il participe d’ailleurs avec ceux-ci aux prestigieux IAPLC. Il a recours au CO2 et aux engrais, le volume d’eau et la filtration  réduisant considérablement les risques. La seule attention quotidienne qu’il apporte à ses aquariums consiste en l’observation.

Si jamais les juvéniles commencent à disparaître et que les femelles « grainent »moins, alors il syphonne la première couche du sol et ajoute directement sur celui- ci de l’Aqua Soil New Amazonia powder neuf. Le powder reste son sol de prédilection, pour sa stabilité dans le temps et pour la finesse de ses grains; ceux-ci protègent les juvéniles qui pourraient rester coincées dans un aquasoil plus grossier. Il ajoute également dans tous ses bacs des pierres minérales type Shirakura Mineral Stone.

Yutaka Kanno, célèbre aquascaper, ici avec madame Yamagishi, fait partie des disciples de Maître Minoru Yamagishi et participe à la conservation de la souche originelle des crevettes.

Ces disciples, réunis en un petit groupe, à l’initiative de Maître Yamagishi avaient pris l’habitude de se réunir dans sa propre boutique pour y partager expériences et critiques. Il a créé, avec cette émulation, au fil des jours, le groupe de paysagistes le plus connu au Japon, sous le nom d’ Aquatic Layout Freaks. Nous reviendrons bien évidemment sur ce sujet ultérieurement.

Les  variations de température étant plutôt un stimulateur de croissance et de reproduction pour les crevettes, c’est avec grande surprise que nous découvrons chez  monsieur Minoru Yamagishi un aquarium en extérieur.

 Il est aussi intéressant de spécifier que depuis le début , aucune de ses crevettes n’a été mêlée  à d’autres souches. Nous sommes de toute évidence  ici face à la souche pure et originelle, mère de ce que nous appelons aujourd’hui Caridina cantonensis var Crystal red.

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Le premier contact se fait par téléphone, puis Grégoire Wolinski nous ouvre les portes de son appartement dans le Val de Marne. Chez lui, l’accueil est chaleureux et la passion semble hanter les lieux. Connu sous le pseudo de Ceed, après avoir passé une année a réaliser des dizaines d’aquariums pour le magasin Truffaut Ivry, Grégoire vient de monter son entreprise de création et d’entretien d’aquarium: Aquaceed.

Connu dans le monde des paysages aquatiques pour ses réalisations personnelles et ses prises de risques artistique. Grégoire est aussi un professionnel qui vit de sa passion. Une chose rare et qui mérite qu’on s’y attarde. Car c’est grâce à ce genre de personne, habité par la nature, l’eau, les bords de rivières depuis sa plus tendre enfance que la passion de l’Aquascaping se transmet aujourd’hui dans des maisons, des appartements qui, à priori n’étaient pas forcément disposés à cela. 


Aquascaper

Avant toute chose Grégoire est un aquascaper et pas des moindres puisqu’il gagne chaque année de nombreux concours dans toutes les catégories. Du CAPA aux Nano Polish Contest ses aquariums font l’unanimité des amateurs et des connaisseurs éclairés.

Grégoire a grandi en Pologne, au bord d’une rivière et si déjà il aime passer des heures le nez collé à la vitre de l’aquarium d’un de ses voisins, ce n’est que plus bien plus tard, en s’installant entre Paris et la Marne, à Champigny, qu’il se passionnera pour les paysages aquatiques.
La vie citadine, la quête d’une nature passée le plongera directement dans la passion des aquariums naturels. C’est avec une grande soif de connaissance et de partage que Grégoire va franchir très rapidement les étapes et en deux ans devenir une des figures de proues du paysage aquatique français.

The Slow Death of a Root


Installation d’Aquarium Naturel chez des particuliers

Puis de fil en aguille l’idée se précise, après avoir fait ses armes dans divers enseignes parisienne tel que Turffaut Ivry et réalisés des dizaines d’aquariums, c’est décidé Grégoire ouvre son site officiel. Partager sa passion et rendre accessible à tous le concept de l’Aquarium Naturel est l’élément fondateur du choix qui l’amène à monter son entreprise Aquaceed, littéralement « la graine aquatique ».

C’est avec talent et professionnalisme que Grégoire Wolinski conçoit, installe et entretient les aquariums de ses clients.
En s’adaptant aux contraintes des lieux, au choix de ses clients, Grégoire arrive à apporter de vrais bouts de rivière dans des lieux qui a priori n’y étaient pas destinées.
Avec un grand professionnalisme ces aquariums, pensés pour être simple à entretenir et pour avoir en permanence une esthétique irréprochable sont à chaque fois surprenants de cohérence, de simplicité et de beauté.


Entretien

Réalisé souvent en connaissance des disponibilités, des contraintes et des envies de ses clients, l’entreprise Aquaceed vous conseillera pour entretenir régulièrement votre aquarium et si vous le souhaitez, de le faire pour vous, ce qui est alors la garantie d’avoir dans votre salon, votre bureau où autre pièce, un véritable bout de nature devant vous, pour ceux qui ont la chance de l’avoir vu, de véritable création artistique vivante.


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Pouvoir rencontrer et parler avec l’auteur, entre autre, d’Ashy Range et de Towering Peak fût pour nous un moment inoubliable. Loin d’être connu par tous, l’auteur de ces aquariums qui furent pour beaucoup des révélations, Chow Waï Sun alias Dave Chow nous a  accordé plus qu’une interview, une véritable rencontre lors de la NA Party, qui nous a vraiment bouleversé et qui a continué par internet.

 

Floraquatic: Monsieur Chow

  tout d’abord bonjour, nous voudrions déjà vous remercier de nous accorder ce long moment et de nous offrir cette opportunité de présenter votre travail et votre vision de l’aquascaping en France. 

 Nous avons eu la chance de nous rencontrer lors de la cérémonie de l’IAPLC 2012, cet échange vraiment sympathique et simple nous a démontré que malgré votre talent et votre reconnaissance dans le monde vous étiez quelques-un de très humble avec une véritable philosophie.  Connu par toute la scène des paysagistes passionnés du monde entier, vos aquariums font l’unanimité, l’importance de la diffusion par internet, votre action avec la CAU et le prestige de l’IAPLC y sont pour beaucoup.

Malgré cela, pour les Français qui ne vous connaissent pas pourriez-vous nous parler un petit peu de vous? 

Floraquatic: Commençons par des questions classiques comme votre âge, votre nationalité et depuis quand pratiquez-vous les paysages aquatiques?

DC: Bonjour, je m’appel Dave Chow et j’ai actuellement 46 ans. Je suis un Chinois qui vit à Hong Kong, je suis designer aquatique de métier et j’ai également une boutique spécialisée à Mongkok à Hong Kong. J’ai commencé l’Aquascaping il y a 11 ans.

Floraquatic:  Vous avez commencé l’aquariophile en maintenant des poissons tropicaux, mais comment êtes-vous devenu un passionné de paysage aquatique et êtes-vous devenu un des leaders mondiaux de ce mouvement?

En 2007 Dave Chow rentre dans l’histoire des paysages aquatiques avec Ashy Range, cet aquarium exemplaire va faire l’unanimité, que ce soit lors de L’IAPLC où de l’AGA.

DC: Comme vous le dites, j’ai débuté en maintenant des poissons tropicaux. Ayant eu une formation de designer en publicité, j’ai dès le départ porté une attention particulière à mes décors. Lorsque j’ai découvert les aquariums plantés dans la rue spécialisée de Hongkong, avec des scènes incroyables de plantes qui bullaient et l’ondulation de l’eau sous la surface, j’ai été immédiatement captivé. Je me suis acheté un livre référence puis j’ai beaucoup questionné un des responsables d’une boutique. , après quelques mois, j’ai commencé tout de suite avec un aquarium d’1m50.

Floraquatic: Vous êtes également reconnu pour tenir une des boutiques les plus célèbres dans le monde de l’aquascaping comment l’avez-vous appelé et pourquoi cela?

DC:  Merci pour ces remarques, le magasin s’appelle Aqua Art en anglais, ce qui signifie que Nous réalisons des aquariums comme un Art! C’est notre philosophie dans le business.

Floraquatic: Combien d’aquariums maintenez -vous là-bas et à quoi servent- ils?

DC: Nous tenons à peu près trente aquariums, la plupart servent pour la vente de plantes aquatiques, certains pour les poissons, et les autres sont des décors que nous vendons déjà réalisés.

Floraquatic:  Est-ce que vous avez le temps de vous occuper d’un aquarium chez vous?

DC: C’est une question qui me fait honte car non je n’ai plus d’aquarium chez moi, je suis tellement pris par mon travail, entre les bacs des clients et la boutique, que je n’ai plus le temps de tenir un aquarium chez moi.

Floraquatic: Combien de temps consacrez-vous à votre projet personnel destiné aux compétitions annuelles?

DC: C’est finalement très peu de temps, je peux lui consacrer deux heures maximum par semaine.

Séquence jardinage aquatique dans sa boutique Aqua Art à Hong Kong

  • Quelques questions techniques:

Floraquatic:  Est-ce que la lumière est un point important pour vous?

 DCC’est un point très important, je le place en premier , c’est le point essentiel à mes yeux. Actuellement je suggère d’utiliser 2 T5 HO 24w pendants 8 heures par jour et une lampe HQI de 150w pendant 2/3 heures par jour pour un aquarium de 60 cm

 Floraquatic:  Est-ce que la filtration est quelque chose important pour vous? Que recommandez-vous comme rapport puissance/taille? Quel type de média de filtration utilisez-vous?

DC: C’est en effet très important je le place en troisième place pour une maintenance réussie. Une pompe capable de faire circuler réellement 4 x le volume d’eau du bac par heure est la garantie du succès. J’utilise principalement des anneaux de céramique et du charbon lors du démarrage.

Floraquatic:  En répondant à nos questions vous nous citez le point le plus important: la lumière, le troisième: la filtration. Mais alors quel est le deuxième point le plus important pour vous?

DC: Pour nous en Asie du sud-est, l’été la température de l’eau peut monter à 33°c très facilement. Ce point est donc un très gros souci pour les aquariums. Nous parvenons à réduire la température avec l’air conditionné pour les petits volumes, mais pour les gros volumes nous utilisons des refroidisseurs.

Floraquatic: quel type de substrat utilisez-vous?

DC: J’ai l’habitude d’utiliser de l’Aquasoil New Amazonia pour tous mes bacs plantés.

Floraquatic:  Vos plantes sont toujours en pleine forme; de par votre expérience et vos observations, que pourriez-vous dire à un débutant?

DC: La période de démarrage et très importante, si vous voulez partir sur de bonnes bases, changez deux fois l’eau par semaine pendant les premiers mois et invitez des Otocinclus macrospilus ainsi que des crevettes Amano ( Multidentata )

Floraquatic:  Quel type de fertilisation préférez vous utiliser, quand et comment commencez-vous?

DC: J’ai pris l’habitude de prendre de l’ADA Step 3, Brighty K et Spécial Light pour mes aquariums. Je commence après un mois de démarrage. et je rajoute les engrais après chaque changement d’eau, aux doses préconisées par le fabricant.

Floraquatic: Les algues semblent absentes de vos aquariums, comment faites vous et si vous en avez quel est votre réaction?

 DCC’est dû à la régularité des changements d’eau, le peu de poissons, et le peu de nourriture. Tous ces paramètres sont un ensemble, le point d’équilibre atteint les algues auront du mal à s’installer…


  • Le décor et le squelette des paysages aquatiques :

Floraquatic:  Vous êtes inspirés par la nature et également il semble que vous soyez un excellent dessinateur. Pouvez-vous nous dire quels sont vos sources d’inspirations et ce que vous recommandez à quelqu’un qui commence?

DC: En effet j’aime dessiner un décor avant de commencer un paysage aquatique. C’est une habitude que j’ai prise depuis que j’ai étudié à l’institut de design car il aide mes idées à prendre forme, avant de devenir réel, un dessin et extrêmement concrétisant. Je conseille également d’ouvrir des livres de paysages, d’observer dans la nature, après cela des paysages aquatiques originaux peuvent être créés.

Floraquatic:  Pouvez-vous partager avec nous un paysage aquatique réalisé d’après un croquis?

DCBien sur ! Comme vous le constatez ci dessous, ce bac Towering Peak est l’aquarium qui a obtenu la médaille de Bronze  lors de l’IAPLC 2009 et finit troisième lors de l’AGA International Aquascaping Contest 2009.

Le croquis du projet

L’aquarium réalisé d’après le croquis

Floraquatic:  À la fin, lorsque les plantes et le paysage sont en place, la dernière et l’unique trace pour partager un aquarium avec le reste du monde c’est la photographie:

la photographie est un must dans notre hobby aujourd’hui, comme un prolongement naturel qui sublime le sentiment qu’un paysage peut apporter et garder une trace. Malheureusement tout le monde n’est pas à l’aise avec un appareil photo… votre ami Gary Wu est un maître. Alors est-ce que vous travaillez avec lui dès que vos nouveaux projets se dessinent où intervient-il uniquement à la fin lors de la prise de vues finale?

DC: Comme vous le dites la photographie est devenue une partie importante dans l’art du paysage aquatique depuis ces dernières années. En ce qui me concerne je passe en effet un coup de fil à mon ami Gary pour lui demander quand est-ce qu’il aura le temps de passer. Après cela je prépare mon aquarium afin qu’il soit prêt à être photographié. Depuis quelque temps d’ailleurs, je travaille avec lui lors de l’élaboration d’un paysage afin de penser en effet à la façon dont on peut créer un décor facile à photographier.

Floraquatic: Combien de temps cela prend pour préparer la photo finale?

DC: Habituellement cela prend à peu près huit jours pour tout organiser et prendre la photographie finale.

  • Concernant votre philosophie: 

Floraquatic:  qu’est-ce qui vous a le plus influencé ?

DC: Je dois dire Monsieur Amano, parce qu’il a été la première personne qui a changé la vision d’un aquarium planté en un paysage aquatique avec un sentiment vraiment naturel.

Floraquatic:  Est-ce que vous pensez que le cinéma, la musique, les livres, l’art en général sont importants pour la créativité?

DC: Cela dépend de chacun d’entre nous. J’aime penser à une nouvelle idée quand mes yeux sont ouverts, cela signifie que j’aime chercher l’inspiration dans mes occupations quotidiennes.

Floraquatic: Lorsque l’on regarde vos aquariums on sent une véritable ligne, on sent le chaos, mais organisé, ce qui est proche de la nature. L’organisation semble si naturelle que la nature pourrait s’inspirer de certains de vos bacs.

Floraquatic: Est-ce que vous avez beaucoup pratiqué avant d’obtenir ce rendu?

DC: Je n’ai jamais pratiqué, je pense que toutes les choses naturelles du monde ne sont pas en compétition mais s’équilibre d’elle-même. C’est en la nature que je crois.

Les paysages aquatiques peuvent apparaître au premier regard comme une pratique solitaire mais en fait l’esprit de communauté est très important. Par le partage et les échanges la qualité des projets augmente sans cesse. La CAU ( Creativ Aquascape Union) a été un des groupes les plus influents dans le monde pour l’aquascaping. Il y a quelques mois vous avez annoncé la fin d’une étape juste après la publication de votre livre collectif  » A piece of living Art » , livre préfacé par Takashi Amano. Cela ressemble à un véritable hommage aux travaux que vous avez réalisés ensemble.

Floraquatic:  Que diriez-vous à un jeune aquascaper qui veut travailler en groupe?

DC: La CAU n’est pas terminée, elle va ressurgir avec un nouveau projet, un nouvel épisode. Certains d’entre nous sont si occupés par leur propre business, qu’ils doivent nous quitter, mais les membres fondateurs que sommes Gary Wu et moi-même sommes toujours là, certains vont donc partir, d’autres vont nous rejoindre. Dans un futur proche vous verrez notre nouveau visage. la Creative Aquascape Union agit comme une plateforme pour discuter et aider chacun des membres à progresser. Le fait d’être également entre amis de s’encourager dans nos projets liés à l’aquascaping. Je pense que les plus jeunes devraient se regrouper entre amis, cet esprit étant la chose la plus importante, beaucoup plus que l’esprit de compétition.

  • Pour terminer:

Floraquatic:  Auriez-vous une chose spécifique à dire à un débutant, ou bien même à un paysagiste confirmé qui aurait soif d’apprendre?

 DCJe dirais  » aussi grande est votre idée, alors aussi grand sera votre univers » 

Floraquatic: Un grand merci de nous avoir accordé autant de votre temps !

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Notre présence lors de la cérémonie de L’IAPLC 2012 nous a avant tout chose permis de passer du virtuel au réel. Mettre des visages, rencontrer et parfois pouvoir discuter avec les plus talentueux des paysagistes aquatiques. Jianfeng Zhang, le grand gagnant de cette année est une des personnes que nous avons pu croiser. Personnage timide, sympatique et généreux , Jianfeng nous a donc accordé un interview et confié quelques-uns de ses secrets ….

M. Jianfeng Zhang, tout d’abord, je voudrais vous remercier de nous donner l’occasion de présenter votre travail et votre vision aux  aquascapers francophones.

Pour commencer, alors que  beaucoup de monde découvre actuellement votre travail grâce à votre première place lors de l’IAPLC 2012 et également de l’AGA Aquascaping Contest que vous venez également de gagner.

Floraquatic : Pouvez-vous nous parler un peu de vous, votre âge, où vivez-vous, votre travail est-il en relation avec votre passion et depuis combien de temps êtes-vous paysagiste aquatique ?

JZ : J’ai 29 ans, je vis à Macao, en Chine. Je viens d’ouvrir un magasin d’aquarium et donc j’ai la chance de travailler dans un domaine qui est également ma passion. J’ai commencé la réalisation des paysages aquatiques il y a 6 ans.

Floraquatic : Avez-vous une pièce dédiée chez vous, combien d’aquariums avez-vous et ont-ils une utilisation spécifique?
JZ : Oui, j’ai effectivement deux aquariums chez moi. Un, est destiné à mon paysage aquatique et l’autre à la maintenance de plantes.

Floraquatic : Combien de temps consacrez-vous par jour à vos projets personnels?
JZ : A peu après 1 heure quotidiennement.

 

AMAZONE a fait l’unanimité dans tout le monde aquariophile et celui de l’aquascaping.

Avec un tel travail de perfection et de rendu, vous brisez ainsi la frontière qui existe entre les adeptes du paysage terrestre et ceux qui ne jurent que par les paysages purement aquatiques, ce qui signifie beaucoup.

 

Floraquatic : Avez-vous eu cette idée en recoupant des matériaux, tels que les racines que vous aviez sous la main, ou bien avez-vous d’abord eu l’idée du décor puis avez-vous cherchez les éléments pour le constituer?
JZ : L’idée est venue avant, en découvrant un paysage dans un livre de Takashi Amano  The Last Amazon.


Maintenant votre travail est connu dans le monde entier. La composition générale est juste incroyable , puis viennent les plantes, les poissons et à la fin les détails nombreux . Tout ceci ne faisant qu’un. Au milieu des 200 aquariums qui furent présentés, lors du vote des participants, votre aquarium est celui qui est sorti du lot de façon assez radical, cette avance ne l’a plus quitté. D’une vignette sur un écran, à une photographie géante projetée sur un grand écran votre aquarium a fait l’unanimité.  Ce qui est finalement assez rare dans un monde où la subjectivité artistique compte beaucoup.

En règle générale le hardscape est le squelette des aquariums plantés.


Floraquatic : Voudriez-vous partager avec nous des images des différentes étapes qui ont constitué l’élaboration d’Amazon?
JZ : Voici la première, la disposition des racines qui vont devenir les supports principaux du décor Amazon.

Floraquatic : Après la première plantation faites-vous beaucoup de changements?
JZ :  Les seules modifications que j’ai effectuées ont eu lieu au niveau du chemin, le reste de l’aquarium est resté le même.

Floraquatic Les détails sont particuliers dans votre création, quand commencez-vous à les travailler, depuis le début ou quand la disposition globale est faite ?

JZ : Tout d’abord je travaille sur la composition dans son ensemble puis une fois celle-ci réalisée je commence à m’attarder sur les détails au fur et à mesure. Cette partie du travail est omniprésente jusqu’à la prise de vues finales. Mais il est important de dire que la structure principale du paysage a été achevé 2 semaines après la configuration initiale.

Floraquatic : L’utilisation de Riccardia chamerdryfolia est juste étonnante; avez-vous une technique particulière pour son entretien ?

JZ : J’ai en effet utilisé de la Riccardia chamerdryfolia qui pousse très lentement et exige une eau d’une qualité irréprochable. Comme elle pousse doucement aucune taille n’a été nécessaire du lancement de l’aquarium à la prise de vue finale. J’utilise de l’engrais liquide ADA special Shade et j’effectue des changements d’eau très réguliers

Floraquatic : Les algues semblent être absentes de votre aquarium, les mousses sont spécifiquement sensibles aux algues, comment vous débrouillez-vous quand vous en voyez apparaîtres ?
JZ : Le seul secret est de remplacer de l’eau 2 fois par semaine pour garder les algues, loin…


Floraquatic : Quelques questions techniques, avez-vous quelques produits spécifiques où des outils qui ont changé la maintenance de votre aquarium ?
JZ : J’utilise quatre filtres puissants pour maintenir l’équilibre.

Floraquatic – La filtration est donc importante pour l’écosystème, comment la considérez-vous ?
JZ : Comme la partie la plus importante.

Floraquatic : Quel genre de la fertilisation préférez-vous ?
JZ : La fertilisation liquide a ma faveur.

Floraquatic – La photographie de votre aquarium est simplement sublime, le prolongement naturel de ce travail et la trace qui restera de ce paysage unique. Combien de jours avez vous consacré pour préparer « la dernière » photographie ?
JZ :  J’ai pris autour d’une semaine pour préparer et prendre l’image du concours.

Floraquatic : Quant à votre philosophie:
Quand nous regardons vos aquariums, nous pouvons sentir une ligne réelle, de la composition, aux détails, tous semblent être naturellement ici, à sa place même si nous sentons le chaos de la vie, l’organisation semble être si naturelle, probablement la nature elle-même pourrait être inspirée par votre propre art.
Avez-vous pratiqué beaucoup avant la réalisation de cet effet naturel ?
JZ : Le paysage repose sur l’impression des arbres, pour avoir l’air naturel j’ai donc travaillé l’effet « parapluie » de la Riccardia.

Floraquatic : Combien de temps vous a-t-il fallu pour monter le hardscape ?
JZ : Cela  m’a seulement pris 2 heures  environ.

Floraquatic : L’Aquascaping peut  apparaître au premier coup d’œil comme un passe-temps solitaire mais en fait l’esprit communautaire est important. En partageant et échangeant le  niveau progresse, avez-vous travaillé seul, avez-vous des amis que vous rencontrez ou échangez-vous par Internet ?
JZ : J’échange en permanence avec mes amis, les idées, la conception, toutes les étapes et je tiens vraiment compte de leurs remarques et de leurs recommandations. En procédant ainsi je ne travaille pas seul.

Floraquatic : Pour finir, que diriez-vous à jeune aquascaper qui rêve devant votre aquarium ?
JZ : Si un jeune squascaper veut concevoir un paysage pour la compétition, alors il doit respecter les rêgles du concours et les attentes des juges, mais si il veut le faire uniquement pour son plaisir alors il n’y a aucune rêgle à respecter que celle de se faire plaisir !

Floraquatic : Merci beaucoup

Amazon – 1st IAPLC 2012 / 1st AGA Aquascaping Contest 2012 120 X 50 X 50

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Renato Kuroki, est un aquascaper sans frontière, né au Brésil, il a vécu 18 ans au Japon, sa terre originale. Pays où il a établi son premier contact avec les paysages aquatiques dès 2005 à la Nature Aquarium Gallery de Niigata, puis initié à la pratique avec Minoru Yamagishi en 2006.

Il devint ensuite membre du collectif japonais  « Layout Freaks »  aux cotés des plus grands aquascapers japonais tel que Maitre Minoru Yamagishi ,Yutaka Kanno, Akira Yamagishi, Juynichi Itakura, Hidekazu Tsukiji et tous les autres. Puis après avoir établi de nombreux contacts au japon et avec le team ADA il a décidé de retourner au Brésil où après avoir collaboré avac ADA Brésil et Aquamazon il a décidé de se lancer dans une carrière solo.

Bonjour Renato Kuroki! Pour commencer je voudrais vous remercier de nous consacrer  ce temps et ce malgré votre agenda très chargé actuellement au Brésil.

Le plaisir est pour moi, merci de m’offrir l’opportunité de présenter à vos lecteurs mes travaux.

Pour commencer et pour ceux qui ne vous connaitriez pas, pouvez vous nous parler un peu de vous? Votre âge, où vivez vous, votre travail et depuis quand êtes vous tombez dans la pratique de ce hobby passionnant?  

J’ai 41 ans, je suis né au Brésil mais j’ai vécu 18 ans au Japon. Mon premier contact avec les Aquariums Naturels a eu lieu en 2005  à la galerie ADA à Niigata puis un an plus tard avc Maître Minoru Yamagishi qui m’a introduit et enseigné l’art japonais des paysages aquatiques. Depuis 2010 je vis à Sao Paulo, au Brésil, où je travail pour promouvoir l’Aquarium Naturel.

Combien d’aquarium maintenez vous actuellement  et combien de temps  dédiez vous pour la maintenance de ceux ci? 

Actuellement j’ai 4 aquariums, mais il ne me demande pas beaucoup de temps, les projets pour les concours sont plus élaborés et demandent plus de soins et de temps. Je dirais plus où moins 1 à 2 heures par jour.

Quel est, dans vos réalisations, l’aquarium dont vous êtes le plus fier? 

Mon préféré est « Ancient Forest », produit en 2009. Il m’a fallu beaucoup de temps pour concevoir le design et ce fut un apprentissage très enrichissant pour moi.


Ancient Forest, 13 novembre 2008
Ancient Forest, 14 décembre 2008

Ancient Forest, 2009 


Maintenant si vous n’y voyez pas d’inconvénients quelques questions d’ordre technique :

Quel type de substrat utilisez vous?

J’utilise la gamme complète de substrat et engrais ADA. On peut facilement obtenir un bon équilibre et il est plus aisé de réaliser son décor.

Considerez vous la filtration comme une partie importante?

Je pense qu’il est primoridial  d’atteindre l’équilibre biologique de l’aquarium, l’ecosytem. Pour cela la filtration est peut être le facteur majeur.

Qu’est ce que vous considerez également comme très important lorsque que l’on démarre un aquarium? 

Le sytème d’éclairage, le CO2 sont également des éléments fondamentaux pour obtenir un bon équilibre dans l’aquarium, le bon ecosystem.

Avez vous un type de plantes et une espèces de poisson favorits? 

J’aime beaucoup les Cryptocorynes Wendtii et les Ramirezi Microgeophagus.

Pouvez vous nous expliquer brièvement la façon dont vous réglez vos aquariums dès le départ? Comment utilisez vous la lumière? Quels sont vos rythmes de changements d’eau jusqu’à ce que l’aquarium atteigne la maturité? Est ce que vous considerez l’apparition des algues comme normal et que faites vous  à ce moment là? 

Dès le départ j’ai commencé en utilisant 100% de la lumière, depuis ce temps là je n’ai jamais changé de méthode. Habituellement j’utilise de l’eau de conduite, mais je fait tourner le filtre dans un aquarium déja cylé pendant au moins un mois avant de démarrer un nouveau bac. Pour les changements d’eau le premier mois  je change deux fois par semaine 30% du volume, puis à partir du deuxième mois, 30% chaque semaine. Pour les algues je les contrôle manuellement dès leur apparitions avec une brosse et une pince et j’ajoute des herbivores tel des Crossocheilus siamensis, des Otocinclus,  des crevettes et de la patience.

Quel type de fertilisant utilisez vous?

Pour le sol ADA j’utilise les engrais liquide de chez ADA ( brighty K, Step1; Step 2, ECA); Pour les autres substrats j’utilise les fertilisants Seachem.

Les mousses sont très singulières dans vos créations, quel type de mousse utilisez vous et avez vous une technique particulière pour leur donner cet aspect si naturel que vous voudriez partager avec nous? 

J’aime énormement les mousses, car elles sont versatiles et participent à créer des atmosphères de mystère. Ma mousse préféré et la vesicularia sp (nambei moss) et j’utilise également  de la Fontinalis Antipyretica. J’aime  l’impression que donne une mousse attaché à une branche mais je n’aime pas quand il y en a de trop, car je trouve que cela ne rend pas toujours très naturel. Pour créer cet effet, j’accroche  d’abord les mousses aux racines avec du fil de coton qui va finir par pourrir quand les mousses vont finir par s’attacher d’elles mêmes, puis je brosse et « épile » les mousses pour donner un effet plus naturel.

Concernant votre philosophie:

Lorsque l’on regarde vos paysages aquatiques, on peut vraiment ressentir la nature, le coté sauvage, les éléments semblent être arrivés là naturellement , la main de l’homme et même l’aquarium ce font complètement oublier. Par contre lorsque l’on regarde de plus prêt ont découvre une véritable organisation, ce que l’on pourrait nomme « un chaos organisé ». Cette capacité à retranscrire la nature sans pour autant montrer un paysage réel, tendre ainsi vers un imaginaire est très rare et ce qu’il y a de plus difficile en aquascaping.

Avez-vous beaucoup pratiqué avant d’obtenir ce résultat de « naturel »? 

Merci pour vos commentaires! En effet j’ai beaucoup pratiqué au Japon et je crois que le sens de la nature est très aiguisé au japon. Ma rencontre avec Maître Yamagishi m’a beaucoup aidé en m’enseignant le sens de la nature « shizen n’a kanji ». Pour mon paysage  » Ancient Forest » j’ai du passer huit heures à étudier le positionnement naturel des pierres dans la nature. L’apprentissage de la nature est un enseignement sans fin.

Quel type d’expérience avez-vous eu au Japon ?

J’y ai découvert les Aquariums Naturels en 2005 et ma pratique débuta en 2006 aprės ma visite à la galerie ADA et ma rencontre avec Maître Yamagishi Minoru qui m’a invité à rejoindre son groupe de paysagistes aquatique. J’ai eu ainsi l’opportunité d’apprendre auprès des plus grands noms de l’aquascaping au Japon : Akira Yamagishi, Yutaka Kanno, Hidekazu Tsukiji, Juynichi Itakura et pleins d’autres aquascapers talentueux. J’ai pu connaître Mr Takashi Amano grāce à mon Maître et plus tard en 2009 et 2010 étudier lors des séminaires ADA.

Où trouvez vous l’inspiration pour créer vos bacs? 

L’inspiration pour créer est dans la nature, les voyages que j’ai réalisé  et également au travers de photos et de vidéos.

J’essaye d’utiliser les images que j’ai en tête pour créer mes aquariums mais je n’aime pas reproduire les images à l’identique. Il y a une grande part d’imaginaire qui intervient au moment de la réalisation.

L’Aquascaping peut apparaître comme un hobby solitaire mais il n’en n’est rien, il semble que les communautées soient très importantes et actives. En partageant et échangeant le niveau augmente, comme nous le savons tous des pays comme le Japon , Hong Kong, le Vietnam , la Chine par exemple sont connus pour cela. En Europe , la Pologne  et plus généralement l’Europe de l’Est sont très créatifs, dynamiques comparé à l’Europe de l’Ouest.

Le Brésil semble être à la pointe du mouvement aujourd’hui . Pouvez-vous nous en dire plus? Avez-vous des groupes, des événements , des compétitions? 

En effet nous vivons un moment important au Brésil actuellement. Ces derniėres années nous avons progressivement gagnés des places dans les concours internationaux. En 2011 nous étions 5 classés dans le top 100 IALPC. Ce qui est remarquable pour nous, nous avons également un concours national annuel le CBAP, ainsi que deux réunions dédiés aux paysages aquatiques: EAB et Aqualon.

Les groupes d’Aquascapers devenants quand à eux de plus en plus actifs et grands. Je peux en citer deux: GAP (Ponta Grossa City Aquascapers Group) et Aqualon ( de la ville de Londrina), je suis sur que plusieurs autres groupes sont entrain de se créer un peu partout au Brésil.

La photographie est un art, mais c’est avant tout une trace, la mémoire: pour l’histoire, pour nos albums de famille mais également pour ces paysages aquatiques qui sont réalisés dans un temps limité, qui évoluent et qui disparaissent un jour, la photographie est la façon la plus efficace pour pérénniser ces décors imaginaires et éphémères. Vous m’avez confié photographier avec une chambregrand format, ce qui n’est pas le plus simple des appareils photos actuellement!

Considérez vous la photographie comme une étape importante en Aquascaping et préparez vous méticuleusement vos prises de vues finales et avez vous une technique particulière?

J’ai en effet pris l’habitude au Japon  d’utiliser une chambre photographique avec le groupe  » Layout Freaks » , nous avons 4 appareils (3 chambres 4/5″ et 1 chambre 8/10″) et nous avons à proximité les films et les laboratoires pour traiter cela. Ceci est malheureusement impossible au Brésil. Je pense par contre que le plus important n’est pas l’appareil qui est utilisé mais la lumière. Pour cela j’utilise des flash puissant et une boîte à lumière  type « Haze box » que je me suis fabriqué moi même et que je dispose au dessus de l’aquarium pour une meilleur utilisation de la puissance des flashs.

Pouvez-vous nous donner le nom de votre (vos) aquascaper(s) favorit?

Minoru Yamagishi, Yutaka Kanno, Mashashi Ono, Dave Chow, Cliff Hui

En dehors de l’Aquascaping avez- vous d’autres hobby?

Je chante et je joue de la guitare.

Je vais vous donner une liste de môts et dites moi ce qui vous vient à l’esprit?

Takashi Amano : Génie

Aquariums Naturels : Passion

Yakushima : Inspiration

Fukushima : Mes racines et des gens merveilleux .

Amazonia : Durabilté

Ecologie : Conscience

Photographie : L’Art de voir le monde

Lily Pipe : Beauté

Forum : Information?

Compétition : Amélioration

Art : Aquascape


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Michaël Leroy est l’un des rédacteurs du guide des bacs plantés (GDBP) visible notamment sur AA, s’occupant de la rédaction de la section « les aquariums naturels ». Son palmarès parle de lui même puisqu’ il a fini deux fois dans le top 100 des meilleurs aquascapers de la planète lors des prestigieux IALPC organisé par ADA. En 2007 A Dreamy Jungle termine 87e,  en 2009 A Stony Heart termine 97e, en 2011 Yakusugi’s king and his throne of rock termine 206e  sur plus de 1600 participants et est élu « Bac du Public-CAPA 2011 » sur 65 aquariums participants.


Bonjour Michaël, alias Kirua pour les adeptes des forums et pour ceux qui ne te connaîtraient pas…quel est ton âge et depuis combien de temps pratiques-tu l’aquascaping ?

Bonjour à tous, j’aurai 25 ans dans quelques jours et je pratique l’aquascaping depuis 6 ans maintenant.

Comment es-tu venu à pratiquer cette discipline très particulière ?
J’ai toujours été passionné par la nature et quand j’ai commencé l’aquariophilie je me suis tout naturellement intéressé au style hollandais dans un premier temps. Puis, à force de fouiller le net je suis tombé sur le travail de Monsieur Takashi Amano, ce fut pour moi un véritable choc et l’aquarium naturel est devenu pour moi une passion, peut-être même une obsession…

 

Combien d’aquarium as-tu réalisé depuis tes débuts et quel est l’aquarium dont tu es le plus fier ?
J’ai dû réalisé pas loin de 15 aquariums depuis mes débuts, hélas, pas tous immortalisés par la photo. Il est difficile de savoir lequel de ces aquariums m’a rendu le plus fier pour la simple et bonne raison qu’aucune de mes réalisations ne m’a pleinement satisfait jusque là… Cependant, deux aquariums ont pour moi une saveur particulière. Tout d’abord « The hidden tree » car c’est un aquarium d’exposition qui a vu le jour grâce à la passion d’un ami avec lequel je travaillais et qui m’a soutenu de A à Z dans ce projet. Ensuite il y a « A dreamy jungle » car ce bac représente mes véritables débuts dans l’aquascaping et « l’innocence » des débuts qui parfois manque cruellement dans le travail qui s’ensuit selon moi.

Combien de temps consacres-tu par semaines à ton (tes) aquariums ?
Je dirai 2 heures par semaine, principalement pour les changements d’eau et le nettoyage des vitres.


Quelques questions techniques maintenant si tu me le permets ? 

Quel type de substrat utilises-tu ?

J’utilise de tout, du simple sable de Loire avec ou sans sol nutritif (généralement deponit mix de chez Dennerle ou du Tropica Aquacare) à l’Aqua soil d’ADA. Certains bacs plantés ne nécessitent pas forcément un sol riche si l’on choisit bien les espèces de plantes, un bac principalement orné de mousses par exemple n’a aucunement besoin d’un sol aussi riche que l’Aqua soil…

Considères-tu la filtration comme un élément important ?
Oui très important, pour moi le plus important demeure le volume de filtration et le choix des masses de filtrations. Un bon support bactérien est une des clefs du succès et évite pas mal de problèmes…

As-tu des préférences pour les plantes ?
Je n’ai pas vraiment de plantes fétiches. Je choisis les plantes en fonction du rendu général que j’espère obtenir. Cependant, mes bacs peuvent attester du fait que les mousses, au sens large, sont des plantes qui reviennent toujours dans mes compositions.

Suis-tu des rêgles spécifiques pour monter tes aquariums et peux-tu brièvement expliquer quelles règles d’éclairage , de fertilsation suis-tu dès le lancement d’un nouveau projet?
Pas de règles extraordinaires si ce n’est que je suis généralement généreux en quantité de substrat et que j’utilise toujours un mélange d’eau du robinet et d’eau osmosée. S’agissant de l’éclairage, j’utilise souvent un éclairage très fort (324w T5 pour le 240 litres « A dreamy jungle, 396w HQI/T5 pour le 385 litres « Yakusugi’s king and his throne of rock »), ce que je déconseille aux débutants, ils peuvent avoir d’excellents résultats avec des valeurs moins hautes… J’éclaire dès le début à 10 heures par jour et m’y fixe tout le long de la vie du bac. Enfin, je fertilise une fois que des carences commencent à se faire sentir sur les plantes ou qu’un trouble de la croissance survient, une bonne observation des plantes est indispensable pour bien ajuster son engrais.


A Dreamy Jungle, 87e IALPC 07


Quelques questions d’ordre plus artistique

Comment trouves-tu l’inspiration pour réaliser tes projets ?
Partout, chaque moment peut être une source d’inspiration, une photo, un aquarium, une balade en forêt, une discussion…

D’après toi quelle est la nation la plus influente en aquascaping ?
Je serai tenté de dire le Japon, mais ce serait s’arrêter au travail de l’homme le plus influent dans le milieu… Je dirai donc Hong Kong, le travail de la CAU est remarquable, ils ont beaucoup fait avancer l’aquascaping depuis quelques années et leurs résultats à l’IAPLC sont entièrement mérités…

Comment vois-tu l’aquascaping en France toi qui suis l’évolution de la discipline depuis le début ?
L’aquascaping a vraiment pris de l’ampleur depuis quelques années grâce à quelques enseignes de VPC, notamment. En effet, quand j’ai commencé on n’avait pas de old black wood, racines asia, de manten stones, seryriu seki ou autres okho stones. L’arrivée de matériel layout de bonne qualité coïncide fatalement avec la montée du niveau général et l’émulation autour de la discipline, on rattrape notre retard sur les nations dominantes mais il y a encore beaucoup de travail.

Quels sont d’après toi les aquascapeurs les plus importants ?
Monsieur Takashi Amano, bien sûr, on ne peut pas passer à côté d’un tel personnage, si nous en sommes là aujourd’hui c’est grâce à lui. Cliff Hui pour ces 3/4 dernières années qui nous gratifie d’un travail exceptionnel et souvent novateur. Et enfin Masashi Ono, un remarquable adepte du style naturel qui chaque année présente un bac du niveau top mondial, à noter qu’il est dommage de ne pas le voir sur des sites anglophones ou de pouvoir trouver l’évolution de ses bacs…

As-tu un type d’aquarium préféré ?
Le style naturel initié par Amano, de manière générale, et les layouts « forestiers » en particulier.

As-tu d’autres hobbies en dehors de l’aquascaping ?
Oui, je pratique les arts martiaux depuis l’âge de 7 ans.


A Stony Heart, 97e  IALPC 09


Je vais te donner quelques mots lâchés comme ça … peux-tu me dire ce qu’ils représentent pour toi ?

Takashi Amano : Le maître du style naturel et son créateur.

Yutaka Kanno : Un aquascapeur de talent qui a su parfaitement retranscrire l’ambiance forestière dans ses bacs, alternant le classicisme (IAPLC 2008) et le novateur (IAPLC 2010)

Cliff Hui : Peut-être le meilleur aquascapeur du moment.

Fukushima : Un avant goût de la destruction du monde par l’Homme

Aquarium Naturel : Takashi Amano

Photographie : Lumière

Forum : Partage, curiosité, émulation.

Lily Pipe : ADA

Roches : Manten stone, quête éternelle.

Racines : Mangrove

Amazone : Characidae

CAU : Un groupe d’aquascapeurs talentueux.

Compétition : Rassemblement de passionnés.

Art : Beauté, sentiment, recherche de la perfection.

Merci à toi!  


Yakusugi’s king and throne of rocks,  207e IALPC 11

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